En 1868, lors des travaux de construction d'une route (et non, comme on le dit souvent, de la voie ferrée[1], inaugurée en ) reliant le village des Eyzies au bourg de Tayac[2],[3], outre des silex et des os travaillés, des ossements humains sont mis au jour sur un terrain au pied d’une falaise formant un abri naturel (cros veut dire creux en occitan).
Lors de ces travaux, les ouvriers du chantier, ayant besoin de pierres, les prélevaient au pied de la falaise toute proche. L'abri sous roche était déjà connu, mais pas dans son intégralité. C'est l'enlèvement de pierres qui a permis la mise au jour des restes humains et des silex. Le chantier est alors arrêté par Édouard Lartet. Se jugeant trop âgé, il mandate son fils Louis pour effectuer les premiers relevés[4].
Les ossements fossiles de cinq individus sont prélevés par Louis Lartet et envoyés au Muséum national d'histoire naturelle à Paris. Il s'agit d'un enfant et de quatre adultes, dont un homme de 40 ans, de grande taille et malade, inhumé avec des outils en pierre et des éléments de parures de coquillages.
Les ossements d'autres individus (peut-être une dizaine parmi les 15 au total)[5] mis au jour par les ouvriers sont perdus (détruits ? réenterrés ?). Le ministre de l'Instruction publique Victor Duruy demande que les silex et les parures associées à ces ossements soient distribués à différents musées[6].
Le site vidé reste à l'abandon et son exploitation pour l'intégrer dans un ensemble muséographique reste difficile, les comptes rendus de fouilles étant tellement imprécis que les archéologues ne sont même pas sûrs de l'endroit exact où les squelettes ont été trouvés[5].
En 2023, Jean-Max Touron, propriétaire du site, indique mettre en vente celui-ci, de même que la grotte de Saint-Cirq[7]. Les deux sites sont achetés par l'État (ministère de la Culture) en [8].
Datation
La dernière étude en date a daté la sépulture où ont été trouvés les ossements fossiles d'environ 28 000 ans, soit la période du Gravettien, appartenant au Paléolithique supérieur[9].
Jean-Max Touron, déjà responsable de cinq autres sites touristiques en Dordogne[Note 1], acquiert auprès de plusieurs propriétaires l’ensemble du site de Cro-Magnon en 2011[11] puis l'aménage pour en faire un site ludique et pédagogique qui ouvre au public en [1],[12].
Crâne de l'un des individus découverts dans l'abri de Cro-Magnon (moulage).
[Broca 1875] (en) Paul Broca, « Cro-Magnon skulls and bones », dans Thomas Rupert Jones, Édouard Lartet & Henry Christy, Reliquiae Aquitanicae, being contributions to the archaeology and palaeontology of Perigord and the adjoining provinces of southern France, London, Williams & Norgate, , sur gallica (lire en ligne), p. 97-122.
[Henry-Gambier 2002] D. Henry-Gambier, « Les fossiles de Cro-Magnon (Les Eyzies-de-Tayac, Dordogne) Nouvelles données sur leur position chronologique et leur attribution culturelle », Bulletin de la Société d'anthropologie de Paris, t. 14, nos 1-2, (lire en ligne [sur journals.openedition.org], consulté en ).
[Lartet 1875] (en) Louis Lartet, « A burial place of the cave dwellers of Perigord », dans Thomas Rupert Jones, Édouard Lartet & Henry Christy, Reliquiae Aquitanicae, being contributions to the archaeology and palaeontology of Perigord and the adjoining provinces of southern France, London, Williams & Norgate, , sur gallica (lire en ligne), p. 62-72.
[Lartet 1875] (en) Louis Lartet, « Remarks on the Cro-Magnon fauna », dans Thomas Rupert Jones, Édouard Lartet & Henry Christy, Reliquiae Aquitanicae, being contributions to the archaeology and palaeontology of Perigord and the adjoining provinces of southern France, London, Williams & Norgate, , sur gallica (lire en ligne), p. 93-96.
[Merlin-Anglade 2018] Véronique Merlin-Anglade, « “Vous avez-dit Cro-Magnon ?” Hommage à Édouard Galy, directeur du musée archéologique départemental de Périgueux » (livret accompagnant l'exposition 20 mars-25 avril 2018 célébrant les 150 ans de la découverte de Cro-magnon), Mémoire de la Dordogne, no 30, , p. 4-17 (ISSN1241-2228, présentation en ligne).
[Pruner 1875] (en) Franz Pruner, « An account of the human bones found in the cave of Cro-Magnon in Dordogne », dans Thomas Rupert Jones, Édouard Lartet & Henry Christy, Reliquiae Aquitanicae, being contributions to the archaeology and palaeontology of Perigord and the adjoining provinces of southern France, London, Williams & Norgate, , sur gallica (lire en ligne), p. 73-92, et pl. I à VI.
[Quatrefages 1875] (en) Armand de Quatrefages, « Remarks on the Cro-Magnon remains », dans Thomas Rupert Jones, Édouard Lartet & Henry Christy, Reliquiae Aquitanicae, being contributions to the archaeology and palaeontology of Perigord and the adjoining provinces of southern France, London, Williams & Norgate, , sur gallica (lire en ligne), p. 123-126.