Lucien Dautresme
Lucien Dautresme né le à Elbeuf et mort le à Paris est un compositeur, entrepreneur et homme politique français. BiographieLucien Dautresme est issu d’une famille très anciennement présente dans la région elbeuvienne, à Criquebeuf-sur-Seine où vivait déjà un Dautresme au XVIIe siècle. Son père, David Dautresme, était venu s’installer à Elbeuf, où il fut successivement commissionnaire en draperie, maître-décatisseur puis fabricant de drap. Après des études au collège de Rouen, puis au lycée Henri-IV à Paris, Lucien Dautresme intègre l’École polytechnique en 1846. Il en sort deux ans plus tard (56e sur 300) avec le grade d’aspirant et ingénieur de marine. Mais la Révolution de 1848 éclate. L’École prend part au mouvement et lui-même affirme des convictions franchement républicaines. Le ministre de l’Intérieur Ledru-Rollin le nomme secrétaire d’Emmanuel Arago, alors commissaire général de la République dans le département du Rhône ; il se signale en l’aidant à éviter une insurrection ouvrière à Lyon. Il regagne ensuite à Elbeuf, où son père est l’un des chefs du parti républicain. En butte à l’hostilité des autres dirigeants d’entreprises, ils sont violemment expulsés du Cercle des commerçants, principal lieu de sociabilité de la bourgeoisie locale. Ayant menacé de duel le plus excité d’entre eux, il obtient des excuses pour son père. Ayant refusé de prêter serment à Louis Napoléon Bonaparte, il démissionne de son grade, abandonne toute velléité de carrière dans la marine et se tourne désormais vers la musique. Bon pianiste, il se lie à Paris avec Meyerbeer, dont il devient un disciple, et compose de nombreuses mélodies, publiées à partir de 1859. Il achève Sous les charmilles (opéra-comique en un acte) représenté en 1862 au Théâtre Lyrique en dépit des relations exécrables avec Léon Carvalho, directeur de ce théâtre et réussit à faire jouer Cardillac créé en 1867 sur la scène parisienne du Théâtre Lyrique, puis l’année suivante à Rouen. Mais ayant souffleté un directeur de théâtre, il est condamné à six mois de prison. Il se tourne alors brièvement vers le journalisme, à Paris d’abord, puis en Normandie : c’est l’un des fondateurs (avec Richard Waddington et Charles Besselièvre) du Petit Rouennais, « organe politique populaire », qui voit le jour le et dont il restera le directeur politique jusqu’en 1887. Il épouse à Paris le Marie-Blanche Victoire Girard (1838-1912), chanteuse à l’Opéra-Comique. Ils habitent successivement rue Saint-Lazare puis 60 avenue Montaigne (actuelle maison Gucci). Revenu à Elbeuf pour codiriger l’entreprise paternelle, il entre finalement en politique après la proclamation de la Troisième République. Soutenu par un comité démocratique local composé presque exclusivement d’ouvriers, il échoue d’abord aux élections législatives de , mais est élu au conseil général de la Seine-Inférieure en octobre de la même année, face à de grands notables elbeuviens ; réélu en 1877, il démissionne en 1880 ne désirant pas cumuler les mandats. Entre-temps, il a été en effet élu député, en , dans la circonscription d’Elbeuf, Grand-Couronne et Boos. Il siège avec la gauche radicale, entre l’Union républicaine et l’extrême gauche. Il réclame l’amnistie pour les Communards et signe le Manifeste des 363 en . Après la dissolution de l’Assemblée, il est réélu en , puis en 1881, 1885 et 1889. Il meurt à son domicile à Paris. Ses obsèques ont lieu à Elbeuf[1]. Œuvres musicales
Mandats parlementairesDéputé de la Seine-Inférieure de 1876 à 1891. Il siège d’abord sous l’étiquette « gauche radicale », puis comme « républicain progressiste » à partir d’. Républicain et anticlérical (il est membre d’une loge maçonnique), il se prononce pour la séparation des Églises et de l’État, la suppression des budgets affectés aux cultes et vote l’application des lois relatives aux congrégations. Il réclame des poursuites contre le général Boulanger, vote en faveur de l’inamovibilité de la magistrature et appuie les nouvelles lois sur la presse et le droit de réunion. Il est favorable à la réduction du service militaire à trois ans, à la réduction des heures de travail et la suppression du livret ouvrier. Cherchant visiblement à améliorer la condition ouvrière, il rêve d’une amélioration des rapports entre le capital et le travail. Il prône l’instauration ou le maintien de droits de douane élevés, afin de défendre les entreprises (notamment les manufactures textiles elbeuviennes) mais aussi pour protéger l’emploi ouvrier de la concurrence étrangère. Il se fait nommer pour cela rapporteur de la commission générale des douanes et président du groupe du « Travail national ». Il devient aussi vice-président du Conseil supérieur du commerce et de l’industrie. Il vote également les crédits alloués à l’expédition du Tonkin et prend position (en 1888) en faveur du protectorat sur la Tunisie. Il se prononce enfin contre la révision de la constitution. Mis en minorité sur cette question, le cabinet dont il fait partie est renversé. Sénateur de la Seine-Inférieure, il ne siège que brièvement, de à sa mort en . Il défend à nouveau, au Sénat, les tarifs protectionnistes. Responsabilités ministériellesDans la droite ligne de son action parlementaire, Lucien Dautresme devient ministre du Commerce, une première fois brièvement dans le cabinet Brisson (du au , grâce à l’appui de Jules Grévy (qui avait été son avocat lors de ses démêlés judiciaires). Puis il est nommé ministre du Commerce et de l’Industrie dans les cabinets Rouvier et Tirard (du au ). Une figure localeLucien Dautresme participe ensuite activement à la préparation de l’Exposition universelle de 1889, à Paris, en tant que Commissaire général. Très populaire dans sa circonscription, même s’il se heurta à la fois aux notables conservateurs et aux socialistes ou « collectivistes », on lui reconnaissait en général de nombreuses qualités personnelles, dont l’intégrité et la courtoisie. Grand travailleur, méthodique, toujours modéré mais ferme dans ses choix, c’était un bon orateur (mais avec une faible voix) Il meurt le dans le 8e arrondissement de Paris d’une crise cardiaque selon les uns, d’une congestion pulmonaire selon les autres. Ses funérailles ont lieu le lendemain à Elbeuf, après des obsèques religieuses. Il avait épousé en 1863 à Paris (9e arrondissement) Marie Antonine Blanche Girard (1838-1912) ; le couple n’eut, semble-t-il, pas d’enfant. En 1897, la Ville d’Elbeuf inaugura un buste à son effigie par Ernest-Eugène Chrétien érigé place Lécallier[4], lequel fut envoyé à la fonte par l'occupant allemand en 1942 pour récupération du bronze et jamais remplacé[5]. PublicationsTrès actif à l’Assemblée, il a rédigé de nombreux rapports, sur des sujets très divers (voies navigables, ports de Dieppe, du Havre, de Honfleur, d’Oran ; conventions commerciales avec les États-Unis, le Mexique, la Chine). Il a publié notamment :
Notes et références
Bibliographie
Liens externes
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