Le à Tain-l'Hermitage, elle épouse le dauphin Charles, petit-fils du roi Philippe VI et fils du roi Jean II. En 1364, à la mort de ce dernier, il lui succède sous le nom de Charles V et Jeanne devient reine de France.
Après son sacre, le , le roi se rapproche de son épouse et le couple devient alors très uni. Charles V demande très souvent l’avis de son épouse, aussi bien en politique qu’en matière de lettres et d’art.
En 1375, elle est atteinte d’un accès d’« aliénation mentale », qui dure plusieurs mois : « Elle perdit son bon sens et son bon mémoire. »[2]
Décès
Jeanne de Bourbon meurt à la naissance de sa fille Catherine. Le chroniqueur Froissart dit de cet événement : «La reine étant enceinte, les médecins lui avaient interdit le bain comme contraire et périlleux. Malgré leur opposition, elle voulut se baigner et de là conçut le mal de la mort.»
Charles V s'en montre très affligé. «Elle est ma belle lumière et le soleil de mon royaume» dit-il. Christine de Pisan écrit du deuil royal : «Le roi fut très dolent du trépas de la reine ; malgré sa grande vertu de constance, cette séparation lui causa si grande douleur et dura si longtemps que jamais on ne lui vit pareil deuil : car moult s’aimaient de grande amour.»
De son union avec le roi Charles V sont issus huit enfants :
Jeanne (1357-1360), morte en l'abbaye de Saint-Antoine-des-Champs, et inhumée en l'église abbatiale, dans le même tombeau que sa sœur cadette, Bonne de France, décédée quelques jours après ;
Bonne (1360-1360), inhumée en l'église abbatiale de Saint-Antoine-des-Champs, dans le même tombeau que sa sœur aînée, Jeanne de France. La tête de son gisant, seul vestige du tombeau, est conservé au musée Mayer van den Bergh d’Anvers [3] ;
Jeanne (1366) ;
Charles (1368-1422), roi de France sous le nom de Charles VI à la mort de son père en 1380 ;
Marie (1370-1377), accordée par traité en 1373[4] et par contrat de mariage ratifié en 1375[5] avec Guillaume d'Ostrevant (futur Guillaume II duc de Bavière-Straubing, alias Guillaume IV comte de Hainaut) ;
Louis (1372-1407), d'abord duc de Touraine en 1386 puis qui reçoit en 1392 le duché d'Orléans en apanage sous le nom de Louis Ier ;
↑Françoise Baron, « Un fragment de gisant de Bonne de France, fille de Charles V († 1360) provenant de Saint-Antoine-des-Champs », Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, vol. 1978, no 1, , p. 57–60 (DOI10.3406/bsnaf.1982.8604, lire en ligne).
↑Geoffroy G. Sury, « Bayern Straubing Hennegau : la Maison de Bavière en Hainaut. XIVe – XVe s. », (2e éd.), éd. Geoffroy G. Sury, Bruxelles, 2010, p. 153 : -Trésor des Chartes, Registre VI, folio 271, « Traité de mariage entre Guillaume d’Ostrevant (futur Guillaume IV comte de Hainaut) et Marie de France, en date du 3/3/1373 », In, « Histoire généalogique des pairs de France », vol. 12, Paris. Il s’agit dans le cas présent d’un accord de promesses de mariage.
↑Sury Geoffroy G., « Bayern Straubing Hennegau : la Maison de Bavière en Hainaut. XIVe – XVe s. », (2e éd.), éd. Geoffroy G. Sury, Bruxelles, 2010, p. 153 : - Bibliothèque Ste-Geneviève à Paris, Ms 2068, fol. 44, (Contrat de mariage entre Guillaume (II) de Bavière (alias Guillaume d'Ostrevant en Hainaut) et Marie de France, année 1375.), Manuscrit du XVIIe siècle.
- A Paris, le 16 mars 1375, Charles (V), roi de France, fait connaître les termes d’un traité d’alliance conclu entre lui-même et son fils aîné, d’une part, et de l’autre, le duc Albert de Bavière et son fils aîné (Guillaume d'Ostrevant, futur Guillaume IV comte de Hainaut), ladite alliance concernant également les mariages à contracter par les enfants (Marie de France et Guillaume d'Ostrevant) des principaux intéressés. In, G. Wymans, « Inventaire analytique du chartrier de la Trésorerie des comtes de Hainaut », aux A.E. Mons, no d’ordre (cote) 1113, Éditions A.G.R., Bruxelles, 1985, p. 236. (Or. sur pch. ; seul contre-sceau, détaché.)
- A Paris, en juin 1375, Charles (V), roi de France, fait connaître les modalités du règlement de la dot de 100.000 francs d’or qu’il destine à sa fille Marie, en exécution de son traité de mariage avec Guillaume (Guillaume d'Ostrevant), fils aîné du duc Albert de Bavière. In, G. Wymans, « Inventaire analytique du chartrier de la Trésorerie des comtes de Hainaut », aux A.E. Mons, no d’ordre (cote) 1114, Éditions A.G.R., Bruxelles, 1985, p. 236. (Or. sur pch. ; sc. ébréché avec contre-sceau.)
- A Paris, en juin 1375, Charles (V), roi de France, renonce, pour lui-même et pour sa fille Marie, à toutes prétentions sur les comtés de Hainaut, de Hollande, de Zélande, et sur la seigneurie de Frise, à l’exception des « adhéritements », assignations, douaire et provisions prévus par les clauses du contrat de mariage évoqué ci-avant et rappelés ici en détail. In, G. Wymans, « Inventaire analytique du chartrier de la Trésorerie des comtes de Hainaut », aux A.E. Mons, no d’ordre (cote) 1115, Éditions A.G.R., Bruxelles, 1985, p. 236. (Or. sur pch. ; sc. ébréché avec contre-sceau.)
- A Paris, le 17 septembre 1375, Charles (V), roi de France, ratifie par son serment les termes du contrat de mariage évoqué dans les deux actes précédents et s’engage à les faire observer par sa fille Marie, et ce, en contrepartie du serment équivalent prêté en sa présence par le duc Albert de Bavière, bail, gouverneur et héritier des comtés de Hainaut, etc., et son fils aîné Guillaume (Guillaume d’Ostrevant.) In, G. Wymans, « Inventaire analytique du chartrier de la Trésorerie des comtes de Hainaut », aux A.E. Mons, no d’ordre (cote) 1116, Éditions A.G.R., Bruxelles, 1985, p. 237. (Or. sur pch. ; sc. ébréché avec contre-sceau.)
Carolyne Masse, « Liens sororaux et familles royales: l'exemple de la visite de l'empereur Charles IV à la reine de France, Jeanne de Bourbon », dans Christiane Raynaud, éd., Familles royales : vie publique, vie privée aux XIVe et XVe siècles, Publications de l’Université de Provence, 2010, p. 67-80. [lire en ligne].
Georges Fréchet, Le mariage du siècle : Charles V de Valois & Jeanne de Bourbon, Mercurol, Éditions François Baudez, , 115 p. (ISBN978-2-84668-632-7).
Représentation de Jeanne de Bourbon dans l'art
(en) Carra Ferguson O'Meara, Monarchy and consent, The Coronation Book of Charles V of France, British Library, Cotton MS Tiberius B. VIII, Londres, Harvey Miller, 2001 (ISBN1-87250-110-9).
(en) Claire Richter Sherman, « The Queen in Charles V's "Coronation Book". Jeanne de Bourbon and the Ordo ad reginam benedicendam », Viator, 8, 1977, p. 255-297. DOI10.1484/J.VIATOR.2.301571.
(en) Claire Richter Sherman, « Taking a Second Look: Observations on the Iconography of a French Queen Jeanne de Bourbon (1338-1378) », Norma Broude et Mary D. Garrard, éd. Feminism and Art History, New York, Harper & Row Pub, 1978, p. 101-118.
(en) Cécile Quentel-Touche, « Charles V's Visual Definition of the Queen's Virtues », Virtue Ethics for Women, 1250-1500, Springer, 2011, p. 53-80. DOI10.1007/978-94-007-0529-6_5.
Bibliophilie
Monique Peyrafort-Huin, « Une reine et sa bibliothèque : Jeanne de Bourbon et ses livres », Bulletin du bibliophile, no 1, , p. 43-66 (DOI10.3917/bubib.365.0055).