Le duché de Bouillon était une entité politique centrée sur la ville de Bouillon, aujourd'hui en Belgique. D'abord seigneurie de Bouillon relevant de la principauté de Liège, la seigneurie fut élevé en duché en 1456, puis acquit une autonomie croissante, avec le soutien de la France. Le duché accède à l'indépendance en 1676 et est annexé par la France en 1795.
Bouillon occupe une région frontalière et stratégique, naturellement marquée par la Semois, qui fut longtemps l'objet de transactions, disputes et revendications, en particulier entre les La Marck, la principauté de Liège et la France. La seigneurie de Bouillon relevait de la principauté de Liège et se composait, comme de coutume dans le contexte féodal, d'un ensemble complexe et mouvant de droits et de territoires.
En , les comtes de La Marck-Arenberg, branche de la maison de La Marck, gagnent en importance à Bouillon[3] : l'évêque de Liège nomme gouverneur et haut avoué de Bouillon le comte Évrard III de La Marck[8]. En , le comte de La Marck arrache le duché à l'évêché de Liège[3]. De à , les comtes de La Marck règnent sur le duché[3].
Ce duché reste toutefois dépendant[N 1] de la principauté et entretient avec elle des relations confuses et tendues durant deux siècles — en dépit de différents traités tentant d'éclaircir et de consolider les droits de chaque partie : traité de Tongres (1484), traité de Cambrai (1521), paix du Cateau-Cambrésis (1559)…
XVIe siècle : influence française
Au début du XVIe siècle, le duché de Bouillon relève toujours de la principauté de Liège dans le Saint-Empire, mais appartient au patrimoine d'une famille française, par ailleurs propriétaire de Sedan et se trouve placé sous la protection du roi de France. Les conflits ne cessent donc pas. D'accord en conflit, l'engagement et implication de la France dans la gestion de cette région stratégique est croissante.
En 1648 le duc de Bouillon, alors général de l'armée papale d'Innocent X, commande à Claude Gellée le Port avec l'embarquement de la reine de Saba conservé à la National Gallery de Londres avec le Paysage avec le mariage d'Isaac et de Rebecca[9].
La France intervient militairement à Bouillon en 1676 pour l'occuper et la restituer à Godefroy-Maurice de La Tour d'Auvergne, duc de Bouillon en titre. Le duché de Bouillon deviendra alors un duché souverain, relevant en principe du Saint-Empire, mais constituant dans les faits un protectorat français.
La carte de Ferraris donne une idée de l'extension territoriale du duché de Bouillon en 1777. De l'extension seulement, car seul le contour du duché est marqué, la carte ne couvrant que le territoire français et attestant ainsi de l'indépendance du duché. En longeant la frontière sur la carte, on peut noter les communes incluses ou exclues du duché à ce moment : Acremont, Glaumont, Alle-sur-Semois, Rochehaut, Frahan, Poupehan, Anloy, Carlsbourg, Opont, Oizy (enclave), Ourt[N 5].
Par une constitution du , le duché de Bouillon affirme son statut de monarchie constitutionnelle, mais le territoire est occupé par les troupes françaises[pourquoi ?] de la garnison de Sedan le 16 novembre suivant.
L'indépendance du duché en fit un territoire ouvert à l'édition et en particulier à la presse clandestine. On y imprima entre autres le Journal encyclopédique de Pierre Rousseau.
République bouillonnaise (avril 1794 à octobre 1795)
Jacques-Léopold de La Tour d'Auvergne, duc de Bouillon et chef de l'État indépendant, mais néanmoins citoyen de la jeune République française, est arrêté par les officiers de la Convention le . Constatant l'impossibilité de régner de son souverain, l'Assemblée générale (le Parlement) du duché aurait décrété la république le . Les sources et les historiens restent indécis sur la portée exacte de ce texte et donc sur l'existence juridique officielle d'une république bouillonnaise. Le duché reste, quoi qu'il en soit, sous protectorat français et le duc meurt en 1802 en tant que citoyen Léopold La Tour d'Auvergne.
Annexion à la France (1795)
Le territoire est annexé le (4 brumairean IV)[12], malgré les protestations publiques de l'Assemblée générale bouillonnaise. La loi française du 3 vendémiaire an V () portant distribution définitive des communes qui formoient le ci-devant duché de Bouillon, entre les départements des Ardennes, des Forêts et de Sambre-et-Meuse offre un aperçu des territoires qui composaient le duché au moment de son annexion[13].
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↑En ce sens, ce duché n'est pas l'État indépendant qui fait l'objet de cet article. L'homonymie de la ville, du château, de la seigneurie, du duché, du titre et de l'état indépendant est particulièrement déroutante car leurs histoires ne sont pas aussi liées que l'on pourrait s'y attendre.
↑Alors qu'il l'avait lui-même offert à la principauté à titre de remerciement pour la nomination de son frère en tant qu'évêque de Liège.
↑Décret du 4 brumaire an IV qui réunit à la France le ci-devant duché de Bouillon et ses dépendances. Voir : Jean Baptiste Duvergier, 1835. Collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlemens, avis du Conseil d'État. Tome 8. Guyot et Scribe, Paris, p. 443.
↑En particulier les articles art. 2 à 5. Lire en ligne.
↑La Loi du 3 vendémiaire est complétée à son sujet par un Arrêté du 19 pluviôse an IV portant rectification de la division du département de Sambre-et-Meuse.
↑Voir le traité de Paris du , de Vienne du , le deuxième traité de Paris du , puis la déclaration de Guillaume Ier des Pays-Bas du : « Art. 2. — Les cantons de Walcourt, Florennes, Beauraing et Gedinne avec le pays de Couvin, Marienbourg et Philippeville, tels qu'ils étaient formés sous le gouvernement français, continueront d'appartenir à la province de Namur ». Le recez général de la commission territoriale de Francfort, du , assigna définitivement au roi des Pays-Bas, grand-duc de Luxembourg, la partie du duché enlevée à la France par le deuxième traité de Paris, mais sans déclarer si cette partie serait considérée comme réunie au grand-duché ou au royaume proprement dit.
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Histoire politique
Pierre Bodard, La Formation territoriale du duché de Bouillon, Bouillon, 1993.
Édouard Poncelet, « Les droits souverains de la principauté de Liège sur le duché de Bouillon », Bulletin de la Commission royale d'histoire, 1943, 58:127-267.
Documents relatifs au duché de Bouillon, Heraldica (lire en ligne).
Adelin Vermer, La révolution Bouillonnaise et ses lendemains : contribution à l'histoire des révolutions de la fin du XVIIIe siècle, Uga, , 354 p.
[Ozeray 1827] Michel-Jean-François Ozeray, Histoire des pays, château et ville de Bouillon : depuis l'origine du duché jusqu'à la Révolution de , Luxembourg, J. Lamort, , 1re éd., 348 p., in-8o (OCLC459056734, BNF31047659, SUDOC154121800, lire en ligne).
[Bodard 1967] Pierre Bodard, Histoire de la Cour souveraine du duché de Bouillon sous les La Tour d'Auvergne, Bruxelles, Librairie encyclopédique, coll. « Anciens pays et assemblées d'états » (no 42), , 1re éd., 315 p., 24 cm (OCLC490229021, BNF32927090, SUDOC025740164, lire en ligne).
André Uyttlebroeck, « Une confédération et trois principautés » dans La Wallonie, le Pays et les Hommes, Bruxelles, La Renaissance du livre, 1975, p. 215-244.
Jacques Marsollier, Histoire du maréchal duc de Bouillon ; où l'on trouve ce qui s'est passé de plus remarquable sous les règnes de François II, Charles IX, Henry III, Henry IV, la minorité & les premières années du regne de Louis XIII, 1726, 3 vol (lire en ligne : vol. 1, vol. 2, vol. 3).
Karl Salomo Zachariä von Lingenthal, De iure succedendi in ducatum Bullonii mortuo Jacobo Leopoldo Carolo duce stirpis suae ultimo, Heidelberg, 1818.
[Muller 1957] Josy Muller, « Plans inédits de Bouillon », Annales de l'Institut archéologique du Luxembourg, Arlon, Fasbender, t. LXXXVIII, , p. 3-80 (lire en ligne).
[Tandel 1893] Émile Tandel, « Les communes luxembourgeoises : l'arrondissement de Neufchâteau », Annales de l'Institut archéologique du Luxembourg, Arlon, F. Bruck, t. XXVII, , p. 1-762 (lire en ligne).
Recueils législatifs
Mathieu Lambert Polain, Recueil des ordonnances du Duché de Bouillon, 1240-1795, Bruxelles, Gobbaerts, 1868, V, 486 p. (lire en ligne).
Pierre Bodard, Recueil des ordonnances du duché de Bouillon. Tome II, Ordonnances et autres actes juridiques concernant le duché de Bouillon (1559-1790), Bruxelles, 1977.
Léon Le Febve de Vivy, Recueil des ordonnances du duché de Bouillon : supplément, avec une carte du duché, Bulletin de la Commission royale des anciennes lois et ordonnances de Belgique, XII, 1er fascicule, Bruxelles, Goemaere, 1925, p. 11-64 et 89-173 (lire en ligne).
Histoire de l'édition à Bouillon au XVIIIe siècle
Guy Biart, « Promenade à travers l'édition bouillonnaise du XVIIIe siècle », La Nouvelle Revue des Livres anciens (ISSN2103-3285), 2010, no 4, p. 23-26.
Jérôme Vercruysse, « Les livres clandestins de Bouillon », Studies on Voltaire and the Eighteenth century, 1980 (vol. 4), p. 1840 et sq.
[Bourguignon 1999] Marcel Bourguignon, L'ère du fer en Luxembourg (XVe – XIXe siècles) : études relatives à l'ancienne sidérurgie et d'autres industries au Luxembourg, Arlon, Institut archéologique du Luxembourg, coll. « Annales » (no 124-125), , 1re éd., 720 p., 24 cm (ISBN2-919884-18-2, EAN9782919884186, OCLC491166972, SUDOC080925359, lire en ligne).