Société de contrôleChez certains philosophes politiques postmodernes, la société de contrôle serait la façon dont le monde tendrait actuellement à s'organiser, après la fin des institutions disciplinaires. L'idée s'élabore entre 1986 et 1990 chez les philosophes Gilles Deleuze et Antonio Negri à partir d'une reprise de la pensée de Michel Foucault, théoricien des institutions disciplinaires dans Surveiller et punir (1975). Deleuze disait avoir repris le syntagme « société de contrôle » au romancier William S. Burroughs. L'expression désigne une société dans laquelle le contrôle des personnes s'effectue « non plus par enfermement, mais par contrôle continu et communication instantanée »[1] et où « les mécanismes de maîtrise se font […] toujours plus immanents au champ social, diffusés dans le cerveau et le corps de citoyens »[2]. Cela contrasterait avec les sociétés antérieures, où les coutumes, habitudes et pratiques étaient générées par des systèmes institutionnels qui fonctionnaient comme autant de milieux clos : école, caserne, usine, etc. Gilles Deleuze esquisse le thème dans son livre sur Foucault (1986), et le développe au détour d'une conférence à la Femis donnée en 1987 puis d'un entretien entre lui et Negri au printemps 1990[3]. Il assortit la publication de l'entretien, en , d'un texte bref : “Post-scriptum sur les sociétés de contrôle”[1]. Thème développé par Negri et Michael Hardt la décennie suivante, la « société de contrôle » reçoit une formulation approfondie dans leur essai politico-philosophique Empire (2000). La genèse du conceptDifficultés autour de l'attribution de l'idéeSelon Gilles Deleuze, le terme « contrôle » pour qualifier la société contemporaine est repris à William Burroughs. Mais ce qu'il recouvre dans la bouche de Deleuze a été, selon Deleuze, esquissé avant tout par Michel Foucault. Ceci étant, ni Deleuze ni Foucault n'ont consacré de publication notable au thème, ce que ne feront finalement qu'Antonio Negri et Michael Hardt dans Empire. Aussi ces difficultés rendent-elles la question de l'auteur ou de l'origine du concept de la société de contrôle difficile à trancher. En au Brésil, lors des “Rencontres Internationales Gilles Deleuze”, Michael Hardt, alors en train d'écrire Empire avec Negri, abordait comme suit la question de la référence à Foucault :
On s'accorde généralement à considérer Deleuze, ainsi que le fait Hardt, comme le véritable auteur du concept. Néanmoins, chez Deleuze lui-même la place du thème de la société de contrôle ne va pas de soi. Il l'a traité à quatre occasions : très brièvement dans son Foucault ; dans une conférence donnée le à la fondation Femis [1] ; puis lors d'un entretien au printemps 1990 avec Antonio Negri[5], pour le numéro un de la revue Futur Antérieur où Negri a joué un grand rôle ; enfin dans “Post-scriptum sur les sociétés de contrôle”, écrit en pour le numéro un de L'Autre journal paru à la même époque que Futur Antérieur, en écho à l'entretien avec Negri. Or, si le thème est traité par Deleuze à plusieurs reprises lors de ces sollicitations publiques, il ne fait l'objet d'aucun traitement notable (pas plus de huit pages, ce qui n'est pas du niveau habituel des textes de Deleuze). Le thème est récurrent sur une période qui va de 1987 à 1990, puis disparaît. L'entretien avec Negri et le “Post-scriptum” seront reproduits dans le recueil Pourparlers en par Deleuze, qui n'abordera plus jamais la question. Il est à ce titre permis de lire le “Post-scriptum” comme un véritable post-scriptum de l'entretien qui le précède dans Pourparlers : un développement de la réponse à la question posée par Negri, qui reprendra lui-même ce thème. On peut rétrospectivement se demander si le thème du contrôle n'appartient pas davantage à Negri qu'à Deleuze, même si celui-ci l'a proposé le premier. Il n'en reste pas moins que dans Surveiller et punir (1975) et des entretiens ultérieurs, Foucault parle du caractère transitoire des institutions disciplinaires et d'une forme « désinstitutionnalisée » et « souple » prise dans la société actuelle par les dispositifs jadis à l'œuvre dans la discipline, ce que recouvre précisément le concept de « société de contrôle » chez Negri et Hardt. De plus, ses cours des années 1975-1976, 1976-1977 et 1977-1978 au Collège de France, publiés en 2002, font état d'une recherche avancée autour du thème du contrôle. Il est donc envisageable de considérer le concept de la société de contrôle comme un concept élaboré de façon émergente par Foucault, Deleuze et Negri, et éventuellement aussi Hardt. Le germe du concept chez FoucaultMichel Foucault n'a pas écrit de livres sur les « sociétés de contrôle » et on ne trouve pas chez lui la formulation de la série société de souveraineté – société disciplinaire – société de contrôle : à la place de ce dernier terme, il utilisait celui de « biopouvoir » pour rendre compte de la structure de la société contemporaine, marquée selon lui par une régulation à la fois de l'individu et de la population. Foucault ne considérait donc pas son modèle des sociétés disciplinaires comme rendant compte de la société contemporaine : en même temps qu'il les conceptualisait, il en annonçait déjà la fin (ou plutôt la transformation en une structure plus insidieuse, mais tout aussi efficace). Surveiller et punir et la fin annoncée des institutions disciplinairesDans Surveiller et Punir, Foucault consacre un chapitre au panoptique, archétype polyvalent du milieu disciplinaire. Dès avant, avec la quarantaine des épidémies de peste, le principe de la surveillance était en place : quadrillage individualisant, surveillance continue de chacun. De la quarantaine au panoptique, on mesure le gain d'efficacité. Il n'est plus besoin d'un nombre important d'inspecteurs allant en permanence chercher l'information au plus près de chaque individu. Avec le panoptique, un seul surveillant suffit, l'information lui parvenant par le canal des rayons lumineux qu'on a su utiliser dans une architecture adéquate. Le panoptique est « un dispositif qui doit améliorer l'exercice du pouvoir en le rendant plus rapide, plus léger, plus efficace, un dessin des coercitions subtiles pour une société à venir »[6]. L'institution disciplinaire est l'application historiquement déterminée du projet de contrôle de la population et des individus le plus finement et le plus économiquement possible. Mais il est encore nécessaire de passer par le regard : la conformité des corps visibles est à la fois impératif technique et moyen technique du contrôle disciplinaire. Dans le même chapitre, il est question pour Foucault de « montrer comment l'on peut désenfermer les disciplines et les faire fonctionner de façon diffuse, multiple, polyvalente dans le corps social tout entier »[6]. Car le panoptique, c'est la pleine et permanente individualisation d'une masse dont on peut alors surveiller, contrôler, chaque individu. La visibilité, la surveillance continue, instantanée de chacun. Si l'on ne trouve pas chez Foucault de développements sur la société de contrôle, on trouve bien en revanche l'idée de l'émergence d'un nouveau type de pouvoir : quand Foucault indique que « [l]'extension des institutions disciplinaires n'est sans doute que l'aspect le plus visible de divers processus plus profonds », il identifie parmi ces processus l'essaimage des mécanismes disciplinaires. Tandis que d'un côté, les établissements de discipline se multiplient, leurs mécanismes ont une certaine tendance à se « désinstitutionnaliser », à sortir des forteresses closes où ils fonctionnaient et à circuler à l'état « libre » ; les disciplines massives et compactes se décomposent en procédés souples de contrôle, qu'on peut transférer et adapter[7]. Non seulement Foucault savait le caractère transitoire des sociétés disciplinaires mais avait également repéré quels changements opéraient : les mécanismes utilisés dans la discipline vont se « désinstitutionnaliser ». Après Surveiller et punir : « ces formules insidieuses et souples »Dans un entretien de sur le thème des institutions disciplinaires, à la sortie de Surveiller et punir, Foucault indique que ces institutions se sont adaptées, assouplies, à l'exception d'un système pénal qui « n'a pas encore trouvé ces formules insidieuses et souples que la pédagogie, la psychiatrie, la discipline générale de la société ont trouvé. »[8] Quelques années plus tard, en 1978, dans un entretien intitulé “La société disciplinaire en crise”, il déclarait :
Foucault fait donc la théorie du régime disciplinaire dont il dit qu'il touche en même temps à sa fin, et évoque l'entrée dans un autre régime de pouvoir (baptisé « biopouvoir »). Il en donne une indication dès un entretien de 1973 (« ces formules insidieuses et souples » caractérisant les mécanismes de pouvoir de la société contemporaine), avant d'approfondir le concept dans ses cours du Collège de France de 1978-1979 sur la biopolitique. La position du concept par Gilles Deleuze : les « sociétés de contrôle »En abordant ce passage des sociétés disciplinaires aux sociétés de contrôle, Deleuze se réfère à Foucault, qui est allé jusqu'à précisément ce passage et pas plus loin. Deleuze ne prétend pas que Foucault a analysé les sociétés de contrôle, mais qu'il savait et disait que ce qu'il avait identifié comme société disciplinaire était transitoire et que nous en sortions déjà. Deleuze dit également que Burroughs, en évoquant par « contrôle » des caractéristiques de ces sociétés que Foucault voyait venir sans les nommer, en a commencé l'analyse. La conférence à la FemisDans sa conférence à la fondation Femis le intitulée “Qu'est-ce que l'acte de création ?”, Deleuze déclare « que l'information, c'est exactement le système du contrôle. » Immédiatement après, il en appelle à Burroughs et à Foucault. Il rappelle la thèse de ce dernier sur le passage des sociétés de souveraineté aux sociétés disciplinaires, et reprend ses dires d'après lesquels les « sociétés disciplinaires [ne sont] pas éternelles. » Il enchaîne en posant le concept de « sociétés de contrôle » :
Le “Post-scriptum sur les sociétés de contrôle”Le “Post-scriptum sur les sociétés de contrôle” est initialement un article « grand public » paru en mai 1990 dans le premier numéro de L'Autre journal. Il est repris dans le recueil d'articles et d'entretiens Pourparlers de Gilles Deleuze, paru en [1]. Le propos du texte peut être résumé comme suit :
Negri et Hardt : Empire et la « société de contrôle »Le concept de « société de contrôle » est repris par Antonio Negri avec son collaborateur Michael Hardt pour leur essai philosophico-politique Empire, écrit pendant la décennie 1990 et paru en 2000. Dans cet ouvrage, Negri et Hardt proposent le concept d'« Empire » pour désigner un monde basé sur des existences apparemment "émancipées", caractérisées par l’autonomie et la communication, mais qui subordonne celles-ci aux exigences de l’accumulation capitaliste. Pour Negri et Hardt, ces traits du monde contemporains relèvent du passage de la « société disciplinaire » à la « société de contrôle » :
La « société de contrôle » désigne ainsi un monde où la domination capitaliste devient totalement diffuse au sein des relations sociales, du fait qu'elle est d'abord intégrée par les personnes contrôlées elles-mêmes ; sous la forme (pourrait-on dire) d'une idéologie ou d'une multitude d'idéologies, dominantes et omniprésentes (voir aussi la pensée unique). Analyse des principaux textes définissant le conceptAnalyse du “Post-scriptum” de Gilles DeleuzeLa disparition des individus constitués en « corps »Les différents internats ou milieux d'enfermement par lesquels l'individu passe sont des variables indépendantes : on est censé chaque fois recommencer à zéro, et le langage commun existe, mais est analogique. Les différents contrôlats, eux, sont des variations inséparables, formant un système à géométrie variable dont le langage est numérique (ce qui ne veut pas dire nécessairement binaire). Alors que les enfermements sont des moules, des moulages distincts, les contrôles, eux, sont une modulation – comme un moulage auto-déformant qui changerait continûment, d'un instant à l'autre, ou comme un tamis dont les mailles changeraient d'un point à un autre. Une des conséquences majeures est la disparition des individus constitués en « corps ». L'usine, dans le même mouvement qu'elle organisait la force de travail de façon à en augmenter l'effet productif et à en faciliter la surveillance, induisait l'organisation de forces collectives de résistance : les syndicats. Sous le régime du contrôle, « l'entreprise ne cesse d'introduire une rivalité inexpiable comme saine émulation, excellente motivation qui oppose les individus entre eux et traverse chacun, le divisant en lui-même. » Les appartenances collectives se dissolvent et chacun se retrouve isolé. Multitude efficace de monades atomisées. La disparition de l'instance qui énonce la loiPour Deleuze, Foucault travaillait sur deux axes : le pouvoir sur la vie et le pouvoir par l'information (autrement dit, biopolitique et contrôle). Omettant toute perspective biopolitique, Deleuze poursuit la thématique du contrôle et en repère la division de l'individu en lui-même. Giorgio Agamben, lui, évite le contrôle et cultive patiemment le champ biopolitique : la vie est ce qui ne cesse d'être divisé. Les divisions ne s'arrêteraient plus ni aux territoires ni aux groupes sociaux : elles traverseraient les individualités, pour produire des « dividuels ». Alors que sous le régime de la discipline, on n'arrête jamais de recommencer (« tu n'es plus à l'école, tu es à l'armée... »), sous le régime du contrôle, on n'en a jamais fini avec rien. Aux différentes segmentarités dures, diachroniques, matérialisées par les milieux d'enfermement se substituent une multiplicité de composantes activées synchroniquement, selon des intensités perpétuellement variables. Cependant, ce qu'écrit Deleuze sans le dire, c'est que disparaît l'instance qui énonce la loi (le « tu n'es plus à l'école... »). Un ordre était énoncé, établi et la tour du panoptique pourrait en représenter l'instance (le directeur de l'usine, de l'hôpital, etc. Robert Castel : « Le médecin est la loi vivante de l'asile... »[10]). Lorsque tombent les murs, les tours s'effondrent et plus aucun ordre n'est dit. Ce qui se lit dans le texte même de Deleuze : il n'y a plus personne pour énoncer l'ordre et « on », qui n'en finit jamais avec rien, se retrouve sans référence, personne pour lui dire « Tu n'es plus à... » Livré à soi-même mais non pas libre : abandonné. « Beaucoup de jeunes gens réclament [...] d’être “motivés”. » L'importance de l'information et de son traitementParmi les nombreux éléments identifiés par Deleuze, il faut relever l'importance, dans le contrôle, de l'information et de son traitement. Alors que les sociétés disciplinaires sont « réglées par des mots d'ordre », le contrôle « est fait de chiffres, qui marquent l'accès à l'information, ou le rejet ». Cela s'articule à l'idée de Deleuze qu'à un type de société correspond un type de machines : « Les vieilles sociétés de souveraineté maniaient des machines simples, leviers, poulies, horloges ; mais les sociétés disciplinaires récentes avaient pour équipement des machines énergétiques [...] ; les sociétés de contrôle opèrent par machines de troisième espèce, machines informatiques et ordinateurs... »[1] L'enfermement ne signe pas la disciplineUne lecture trop rapide de l'article pourrait laisser entendre que selon Deleuze les milieux d'enfermements caractériseraient les sociétés disciplinaires. En effet, les sociétés disciplinaires naissent avec « l'organisation des grands milieux d'enfermements » et le passage aux sociétés de contrôle se manifeste par les « crises généralisées » de ces mêmes milieux. La conclusion serait donc d'associer l'enfermement et la discipline. Mais l'enfermement, nous l'avons vu, est une technique antérieure à la discipline. Il est utilisé en tant que moyen d'application des techniques de quadrillage. Ce qu'écrit Deleuze dans son Foucault :
L'enfermement n'est qu'une modalité historique concrète de réalisation du contrôle. Lorsque d'autres modalités auront été développées, elles l'emporteront sur l'enfermement. Celui-ci ne signe pas la discipline (mais se rattache au prélèvement, au partage binaire, malade/sain, exclu/inclus, enfermé/libre, procédé du pouvoir souverain) et dans la phrase de Deleuze « [les sociétés disciplinaires] procèdent à l'organisation des grands milieux d'enfermement », il faut entendre que ce qui caractérise la discipline, c'est spécifiquement l'organisation de ces différents milieux, lesquels lui sont antérieurs. La mutation de la multiplicitéDans son Foucault, Gilles Deleuze propose de distinguer les fonctions de l'anatomo-politique et la bio-politique comme suit :
Lors du passage de la société disciplinaire à la société de contrôle, les fonctions changent. Le projet de surveillance et de maîtrise nécessitait une multiplicité peu nombreuse et un espace limité. Il est permis d'en voir la limite dans l'étendue de la ville en quarantaine, limite puisque alors l'ensemble de la multiplicité est immobilisée. La surveillance s'opérait par des agents et, en fait non pas continûment, mais régulièrement, à intervalles réguliers. Dans la société de contrôle,
La distinction hésitante entre bio-politique et anatomo-politique ne supporterait pas l'épreuve de la confrontation historique. Attestant encore que M. Foucault avait repéré la mutation, ce qu'indiquerait le passage de bio-politique à biopolitique et l'abandon de anatomo-politique. Les deux éléments polaires à isoler seraient :
Les normes se maintiennent tout en effaçant leurs instances d'énonciationsRevenons à ces demandes motivés qui interrogeaient G. Deleuze. En quittant les milieux clos, les procédures disciplinaires ont en quelque sorte suspendu leurs présentations. Elles n'en demeurent pas moins effectives : leurs lois persistent. Elles se maintiennent tout en effaçant leurs instances d'énonciations. Chacune n'étant plus localisée (la tour centrale), elle n'est plus limitée, son ban n'est plus borné. Le lieu ne compte plus et chacune regarde quiconque. Un individu quelconque est en rapport avec plusieurs lois qui ne s'énoncent pas mais restent en vigueur. Ne peut-on pas dire alors que chacun est abandonné par celles-ci ? La demande de motivation, ce serait la demande d'entendre la voix de la loi. Mutation capitalisteIl poursuit en proposant une évolution qu'il semble considérer plus profonde : le passage d'un capitalisme de production et de propriété, qui aurait été « à concentration » (concentration dans différents milieux « conçus par analogie ») à un capitalisme dispersif, procédant par « figures chiffrées, déformables et transformables, d'une même entreprise qui n'a plus que des gestionnaires ». Il faut être ici vigilant : ce qui a été objet de concentration serait maintenant objet de dispersion. On s'autorisera alors à proposer ceci : les procédés les plus concentrationnaires trouveraient leur équivalent dans les procédés les plus dispersifs. La question se posera alors : les procédés sont-ils appliqués aux mêmes ? Et si c'était toujours les mêmes, les homines sacri, les bannis, les enfermés et les dispersés ? Dans cette lecture, concentration et dispersion n'indiquent que des moyens pas des fins. Au contraire, celles-ci se maintiennent et déterminent ces changements vers des moyens sans cesse plus efficaces. Le contrôle supprime la centralité de la visibilité du pouvoir. La surveillance devient réticulaire. Les modalités d'actions changent : de l'application d'une contrainte sur un corps, l'on passe à des effets incitateurs. En même temps que la pierre, c'est la tour centrale qui disparaît : invisibilité. Intégration des contrôlats à la qualification de la vie. La vie qualifiée, par ses modes, induit le contrôlat et les « banques de contrôlats ». Les passages d’Empire consacrés à la société de contrôleLa section 3.6 d’Empire est consacrée plus précisément à l'émergence de la société de contrôle dans le monde capitaliste. Les auteurs commencent par observer qu'à première vue la souveraineté (qui repose sur la transcendance du souverain) et le capitalisme (qui opère dans la plus pure immanence) ne semblent pas faire bon ménage. Selon eux, toute l'histoire moderne tient dans la résolution de cette contradiction primitive : ce rôle a d'abord été dévolu à la société civile ; quand les institutions la constituant ont commencé à décliner, la société de contrôle s'est mise en place. Pour illustrer leur propos, les auteurs font fréquemment appel au travail de Michel Foucault, notamment Surveiller et punir. FilmsUnder Control, un film de Bruno Raymond-Damasio et Alain Damasio, essai cinématographique, 20 min, 1991. D'après des textes de Gilles Deleuze, Michel Foucault, Jean Baudrillard et Keynes entre autres. Références
Bibliographie
Voir aussiArticles connexes
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