Raymond Moisset fut dans les années 1920 élève de l'École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d'art. On le dit néanmoins autodidacte dans le domaine de la peinture (« Sa grande école sera la rue » est-il dit[3]) qu'il travailla essentiellement en solitaire jusqu'en 1936 (première exposition personnelle et premier salon à Paris en 1934), même s'il fréquenta les académies libres montmartroises.
Vers 1935, avec entre autres Pierre Tal-Coat, André Marchand, Georges Rohner et Robert Humblot, il forme le groupe des Forces Nouvelles qui dénonce toute prétention intellectuelle de la peinture, ne donnant d'autre vocation à celle-ci que de procurer une émotion au travers de l'humble réalité des choses[6]. C'est dans cet esprit que Raymond Moisset restera l'ami de Francis Gruber, rencontré en 1936, jusqu'à la mort prématurée de ce dernier en 1948, et que jusqu'en 1950 il sera le peintre d'une réalité quotidienne, quoique ordonnancée dans sa composition. On perçoit alors que « Raymond Moisset, dans ses compositions, s'essaie à des déformations expressives imprégnées de l'amour du Greco, amour que le peintre tient à affirmer »[7].
Jean-Jacques Lévêque évoque Raymond Moisset parmi les peintres qui, à compter de 1942 et toutes expressions confondues, soutiennent et accompagnent Gaston Diehl dans son refus de soumission de l'art à l'idéologie occupante. Ce mouvement (où notre artiste côtoie tout autant ses anciens amis Francis Gruber, Georges Rohner et André Marchand que le surréalisteLucien Coutaud ou les abstraits Alfred Manessier et Gustave Singier) aboutira à la création du Salon de Mai dont Raymond Moisset sera, dès la première manifestation de 1945 et durant vingt-cinq années, exposant régulier[8].
La première toile abstraite de Raymond Moisset est identifiée par Lydia Harambourg comme étant son envoi de 1950 au sixième Salon de mai[1]. Ce passage à l'abstraction, également situé par Michel Seuphor en 1950[9], n'est cependant pas net, tranché, absolu[Note 1]: À partir d'une palette réduite à quelques couleurs éclatantes, Raymond Moisset va donner alors à une réalité toujours discernable (ses Nus plantureux des années 1970, cités par Jean-Pierre Delarge[2]) des rythmes qui, à l'instar de chez Édouard Pignon (période des Nus roses) ou de chez Jean Messagier deviendront progressivement la fin en soi du tableau sans pour autant occulter totalement une figuration sous-jacente, une intention de représentation.
La Marseillaise de la Libération - Exposition sous le patronage d'Yvon Bizardel, directeur des Beaux-Arts, musées et bibliothèques de la ville de Paris, Galerie Roux-Hentschel, Paris, [12].
Le nouvel art français, Palais des beaux-arts, Luxembourg, 1947.
Prix de Rome en liberté, Galerie Despierre, 1948, avec René-Jean Clot, Jacques Despierre, Francis Gruber, André Marchand, Robert Humblot, Bernard Lorjou, Francis Tailleux, Roger Worms et Gabriel Zendel.
« Cette absence de prétention, cet accent direct situent la qualité d'un effort qui a pris place entre Francis Gruber et Pierre Tal-Coat. » - Gaston Diehl[15]
« Moisset peint la lumière. Il indique les lignes et les accents sans jamais appuyer plus qu'il ne convient pour préserver l'unité du tableau. La matière translucide de ses toiles, à peine soutenue par quelques opacités ou quelques ombres, est toute lumières et chaleur. » - Roger van Gindertael[16]
« C'est un hymne à la déesse du jour, une sorte de cantique lyrique, mais d'une rigueur de composition, d'une justesse de touche à vous laisser pantois! C'est vraiment une œuvre qui marque. » - Jean Bouret[17]
« Les toiles de Moisset exaltent le nu comme la fusée d'un feu d'artifice somptueux, sur un thème qui a été celui de Rubens, le triomphe de la chair féminine... L'apparence a disparu au profit d'un réel de taches. » - Jean Bouret[18]
« Raymond Moisset, artiste d'une maîtrise surprenante dans le maniement des couleurs, à l'imagination sans cesse en éveil, turbulent dans sa quête d'une vitalité qui ne se dément pas.... » - Gérard Xuriguera[19]
« Un peintre solitaire toujours en quête d'une expression nouvelle dans une abstraction tout ensemble savante et spontanée engendrée par un paysage, et qui recrée, sous la légèreté du pinceau, les rythmes essentiels de la nature. » - Gérald Schurr[10]
« Raymond Moisset relit et reconstruit le nu féminin à la manière des glyphes aztèques. Ses formes sont hybrides[...], on y retrouve la chaleur des couleurs chaudes et vives des codexméso-américains. La forme remplit et sature le rectangle de la toile, comme les glyphes aztèques et mayas le font du carré virtuel qui leur est imparti. » - Gilles Guias[14]
Lydia Harambourg, Raymond Moisset, toiles de 1947 à 1965, édité par Galerie Arnoux, Paris, 1988.
Raymond Moisset, peintures, édité par Maison des arts et loisirs, Sochaux, 1989.
Lydia Harambourg, L'École de Paris - 1945-1965 - Dictionnaire des peintres, Éditions Ides et calendes, 1993, pages 345 et 346.
Lydia Harambourg, Hommage à Raymond Moisset, dans le Catalogue du Salon des réalités nouvelles, 1995.
Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999 (tome 9, page 708).
Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001, page 866.
Gilles Guias, Mythes en abîme, Cynorrhodon - FALDAC, 2013. Voir Raymond Moisset dans chapitre Les Aztèques page 37[14].
Notes et références
Notes
↑Ainsi, dans son livre De la révolte à la renaissance (Gallimard, collections idées, 1973), Georges Mathieu situe encore Raymond Moisset parmi les peintres résolument figuratifs (page 16).
Références
↑ a et bLydia Harambourg, l'École de Paris - 1945-1965 - Dictionnaire des peintres, Ides et calendes, 1993.