Résistance crétoiseLa résistance crétoise (en grec moderne : Κρητική Αντίσταση / Kritikí Antístasi) est un mouvement de résistance contre les forces d'occupation de l'Allemagne nazie et de l'Italie fasciste, organisé par les habitants de l'île grecque de Crète, pendant la Seconde Guerre mondiale[1]. Faisant partie de la grande résistance grecque, elle dure du , lorsque la Wehrmacht allemande envahit l'île, lors de la bataille de Crète, jusqu'au printemps 1945, lorsqu'elle se rend aux Britanniques. Pour la première fois, pendant la Seconde Guerre mondiale, les forces allemandes en attaque doivent faire face, en Crète, à une résistance importante de la population locale. Les civils crétois enlèvent les parachutistes ou les attaquent avec des couteaux, des haches, des faux ou même à mains nues. En conséquence, de nombreuses pertes sont infligées aux parachutistes allemands, durant la bataille. FormationLe mouvement de résistance crétois est formé très tôt, après la bataille de Crète, avec une première réunion de planification, le . Il rassemble un certain nombre de groupes et de dirigeants différents et est initialement appelé PMK (Πατριωτικó Μέτωπο Κρήτης - en français : Front patriotique de Crète), mais change ensuite de nom pour devenir l'EAM (Εθνικó Απελευθερωτικó Μέτωπο - Front de libération nationale) qui constitue le principal mouvement de résistance, dirigé par les communistes, sur le continent. L'objectif principal du mouvement est, d'une part, de soutenir le peuple crétois, sous occupation, en remontant le moral, en fournissant des informations et en distribuant de la nourriture à un moment de grande privation (due aux confiscations des Allemands et des Italiens), et d'autre part, d'entreprendre certaines opérations contre les Allemands, dont un certain nombre d'opérations de sabotage. Un succès notable est la bataille pour empêcher la destruction de l'aéroport de Kastélli (en), par les Allemands alors qu'ils quittent la Crète orientale[2]. HistoireLa communication par bateau, avec l'Égypte est établie pour évacuer les soldats britanniques et du dominion qui avaient été piégés en Crète et pour apporter des fournitures et des hommes, afin d'assurer la liaison avec les combattants de la résistance crétoise. Après l'exécution de John Pendlebury, par les Allemands, pendant la bataille de Crète, Monty Woodhouse, qui avait été nommé directeur du SOE, à Héraklion, prend contact avec les civils. Il s'adresse à un jeune lycéen, du nom de George Doundoulakis (en), après avoir observé ses connaissances approfondies en tant qu'interprète du grec à Archánes, pendant la bataille de Crète. Il lui demande de soutenir le SOE, en cachant et en aidant les soldats britanniques et ceux du dominion qui ne pouvaient pas être évacués. Doundoulakis forme une organisation clandestine sous les auspices du SOE, avec son frère, Helias Doundoulakis[3]. L'organisation de Doundoulakis conduit à deux réussites majeures : la destruction de l'aérodrome de Kastélli, orchestrée par le SOE, avec son ami Kímonas Zografákis[4],[5] et la destruction par la RAF, d'un convoi allemand destiné à ravitailler le Field marshal Erwin Rommel, en . Après la guerre, George Doundoulakis reçoit la médaille du Roi pour le courage dans la cause de la liberté de la Grande-Bretagne, pour ses services et son aide à l'évacuation et à la sécurité des retardataires britanniques et ceux du dominion de Crète[6],[7]. L'aile non-communiste est formée sous le nom d'Organisation nationale de Crète (EOK) (avec Andréas Papadákis comme chef). Parmi les autres personnalités de la résistance figurent Geórgios Petrákis, dont le nom de code pour le SOE est Selfridge et Manolis Bandouvas, dont le nom de code est Bo-peep[8]. Tous deux ont leurs contacts au sein de l'EOK et du SOE. Lorsque Dunbabin est remplacé par Patrick Leigh Fermor, connu des Crétois sous le pseudonyme de Michalis, George Doundoulakis poursuit sa collecte de renseignements. George Doundoulakis, Jean Androulakis et Leigh Fermor, ainsi que le chef de la guérilla, Manolis Bandouvas, se réfugient dans les caches montagneuses du mont Ida, du SOE[9]. Leigh Fermor devient célèbre, après la guerre, dans le livre et le film britanniques, Ill Met by Moonlight (en), pour son enlèvement du général allemand Kreipe, en Crète. Après l'évacuation de Doundoulakis, de Crète, pour rejoindre l'Office américain des services stratégiques (OSS), il céde la direction de l'organisation, qu'il avait initiée, à Mikis Akoumianakis, fils du gardien de Cnossos. Akoumianakis, connu sous son nom de code SOE Minoan Mike, participera plus tard à l'enlèvement du général Kreipe, en Crète[10]. Leigh Fermor déclare, à propos de la résistance crétoise, que sans leur détermination, la bataille de Crète aurait été terminée plus rapidement et les opérations du SOE grandement réduites. C'est uniquement grâce à leur cohésion, que l'on ne trouve nulle part ailleurs en Europe, que le SOE a pu se déplacer sur l'île essentiellement à sa guise :
Les rebelles crétois, en particulier dans la région du mont Kédros, ainsi que le reste des rebelles de la vallée d'Amarí et du village d'Anógia, près de Réthymnon, sont responsables de la plupart des représailles allemandes. Les interventions allemandes dans ces régions sont entreprises contre des civils, en raison de leur penchant bien connu pour l'insurrection :
Les Crétois et la résistance crétoise travaillent en étroite collaboration avec les Britanniques, d'abord lorsqu'ils aident les forces britanniques et du dominion à s'échapper de la Crète, puis lorsqu'ils collaborent à des actes de sabotage, la Crète étant devenue une rampe de lancement pour les opérations allemandes en Afrique. Il s'agit des agents britanniques qui soit restent en Crète, soit s'échappent et rentrent en Crète, comme Patrick Leigh Fermor, W. Stanley Moss, Thomas Dunbabin (en), Sandy Rendel (en) et Stephen Verney[12], John Houseman, Xan Fielding, Dennis Ciclitira (en) et Ralph Stockbridge. Le Néo-Zélandais Dudley Kiwi Perkins (en), également connu sous le pseudo de Capitaine Vasili, par les locaux, devient une légende pour son courage, et après qu'il a été tué, les Crétois gardent sa tombe couverte de fleurs[note 1] Les Britanniques forment un grand nombre de cellules isolées, dispersées dans les montagnes, avec de bonnes communications, grâce à des coureurs, entre elles. L'un de ces coureurs est George Psychoundakis. La description de Psychoundakis, par Leigh Fermor, incarne la résistance crétoise :
Rattachés à ces cellules se trouvent des Grecs qui, autrement, n'ont généralement aucune implication dans le principal mouvement de résistance crétois, mais qui travaillent très étroitement avec les agents britanniques, tels que George Psychoundakis, le coureur de Leigh Fermor, Kímonas Zografákis, George Doundoulakis (en) et Jean Androulakis[15]. Zografákis, également connu sous son nom de guerre de Black Man, est membre de la Force 133, le nom de code du SOE, en Grèce[16],[17]. Zografakis aide Leigh Fermor lorsqu'il retourne en Crète avant l'enlèvement du général Kreipe[18] et le bombardement de l'aérodrome de Kastélli, avec George Doundoulakis[6]. La plupart des cellules disposent d'une radio pour communiquer avec l'Égypte, par laquelle les informations peuvent être transmises et les demandes faites pour le largage en parachute de nourriture, de vêtements, de fournitures et d'armes. Les troupes allemandes essaient constamment de localiser les transmissions radio, ce qui implique la nécessité de changer régulièrement d'emplacement[19]. Les agents britanniques, en collaboration avec la résistance locale, sont responsables de certaines opérations célèbres dont l'enlèvement du général Heinrich Kreipe, conduit par Leigh Fermor et Moss, le Sabotage de Damásta, dirigé par Moss, et les sabotages des aérodromes d'Héraklion et de Kastellí[20],[21]. La communication entre l'EOK et l'EAM est mauvaise, une hostilité ouverte ayant éclaté entre l'EOK et l'ELAS[22], l'aile militaire de l'EAM, en , lors du siège de Retimo. Les combattants crétois devenant mieux armés et plus agressifs, en 1944, les troupes allemandes se retirent des zones du pays, après avoir détruit un certain nombre de villages dans la région de Kedros et exécuté de nombreux habitants, dans le but d'intimider les Crétois[22],[23]. Regroupant leurs forces autour de La Canée, les Allemands restent pris au piège, jusqu'à la fin de la guerre, refusant de se rendre à l'armée grecque, par peur des représailles. Ils se rendent finalement, aux Britanniques, le [22]. Néanmoins, la bravoure et le courage des Crétois ont insufflé à l'île un sentiment de triomphe et la volonté de surmonter toutes les difficultés. Leigh Fermor raconte l'histoire d'un vieux villageois d'Anógia, après avoir entendu parler de menaces de représailles allemandes :
Leigh Fermor, en discutant des Crétois avec le général Kreipe, lors de l'enlèvement de ce dernier, a résumé l'attitude des Crétois face à l'occupation allemande comme :
DocumentaireEn 2005, est produit un documentaire intitulé The 11th Day: Crete 1941 (en), qui décrit des détails personnels au cours de l'occupation de la Crète, par l'Axe et le rôle que la résistance crétoise a joué. Le film comprend des témoignages de Patrick Leigh Fermor, George Doundoulakis, George Tzitzikas et d'autres témoins oculaires. Notes et références
Notes
Références
Voir aussiBibliographie: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Article connexeLiens externes
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