Michel AdansonMichel Adanson Michel Adanson, d'après un dessin. Dans : Jules Pizzetta, Galerie des naturalistes, 2è éd., Paris, A. Hennuyer, 1894, p. 182.
Michel Adanson, né le à Aix-en-Provence et mort le à Paris[1], est un naturaliste français d'ascendance écossaise. Il a exploré des régions peu connues des Européens, comme le Sénégal ou les Açores. Principalement botaniste, systématicien original, auteur d'un mémoire célèbre sur le baobab, il a aussi apporté des contributions à la zoologie, à la géographie, à l'ethnographie et aux recherches sur l'électricité. BiographiePremières annéesJacques, le grand-père paternel de Michel Adanson, appartenait à ces familles écossaises qui suivirent en France Jacques II d'Angleterre (Jacques VII d'Écosse), détrôné en 1688. Son père, Léger Adanson, natif de Villejacques, en Auvergne, époux d’une Aixoise, Marthe Buisson, était écuyer de Mgr de Vintimille, archevêque d’Aix-en-Provence. Michel Adanson avait un frère cadet, Jean-Baptiste, qui allait être drogman et chancelier de France en Orient. Mgr de Vintimille ayant été nommé au siège épiscopal de Paris, la famille Adanson le suivit dans la capitale, où le jeune Michel fut un des plus brillants élèves du collège Sainte-Barbe. Remarqué par le célèbre John Turberville Needham, il reçut de lui un microscope, avec ces paroles : « Puisque vous avez si bien appris à connaître les ouvrages des hommes, vous devez maintenant étudier ceux de la nature ». Il avait alors quatorze ans. Georges Cuvier écrit :
Voyage au SénégalAdanson suivit les cours de Ferchault de Réaumur et de Bernard de Jussieu au Jardin du roi, ancêtre du Muséum national d'histoire naturelle. Désirant voyager et explorer, il se décida pour le Sénégal, la mauvaise réputation de son climat en ayant éloigné les autres naturalistes[3]. Il fit donc, à ses frais, un voyage dans ce pays (du au ) ; Jussieu lui obtint un poste, très modeste, de commis à la Compagnie des Indes. Durant la traversée, malgré son mal de mer[4], il visita les Açores et les Canaries. Au Sénégal, il décrivit un nombre considérable de plantes et d'animaux nouveaux, mais fit aussi beaucoup d'observations géographiques et ethnographiques. Il observa un poisson électrique, le rapprochant de la bouteille de Leyde[5],[6]. Son périple de six ans le mène jusqu’à l’île de Gorée, plaque tournante de l'embarquement des Africains sur les navires négriers, où il note dans ses cahiers que « Si les Nègres sont esclaves, je sais parfaitement qu’ils ne le sont pas par décret divin, mais bien parce qu’il convient de le penser pour continuer à les vendre sans remords »[7]. D'Afrique, il envoya à Réaumur les minéraux et les collections zoologiques qu’il avait recueillis ; à l’astronome Le Monnier, ses observations astronomiques et météorologiques ; et à Jussieu ses collections botaniques, classées suivant une méthode naturelle. Après cinq ans, il ramena d’importantes collections botaniques, dont plus de mille récoltes (conservées aujourd’hui au Muséum national d'histoire naturelle) ainsi que plus de trois cents plantes vivaces qu’il acclimatera au Jardin du Roi à Versailles. Il rapportait également trente-trois espèces d'oiseaux qui sont décrites par Mathurin Jacques Brisson dans son livre Ornithologie ou méthode contenant la division des oiseaux en ordres, sections, genres, espèces et leurs variétés (tome 1 en 1760)[8]. Il publia le compte rendu de son voyage en 1757 sous le titre : Histoire naturelle du Sénégal. Cet ouvrage contient le récit de son voyage et la description des coquillages observés et récoltés. L'ouvrage se vendit mal et, après la faillite de l'éditeur et le remboursement aux souscripteurs, Adanson estima que le livre lui avait coûté 5 000 livres ; sa situation financière s'en ressentit toujours[9]. Il publia également en 1761 un mémoire illustré sur le baobab, dont il fit connaître l’accroissement progressif. Il décrivait déjà cet arbre dans son livre sur le Sénégal[10] :
Adanson composa également un mémoire sur les arbres qui produisent la gomme d’Arabie (Senegalia senegal), l’un des principaux objets du commerce du Sénégal à cette époque. Outre le baobab, grâce aux liens qu'il avait établis avec des Sénégalais (il connaissait un peu le wolof[10]), il découvrit la gomme arabique, l'indigo, les palétuviers et le palmier à huile[4]. SystématiqueMais ces ouvrages imprimés sont peu de chose en comparaison de la masse extraordinaire de manuscrits laissés par Adanson. Toutefois la notoriété de ses écrits, et notamment sa description des coquillages observés et récoltés au Sénégal[4], lui permit d'entrer en 1757 (à trente ans), à l'Académie des sciences en remplacement de Fougeroux de Bondaroy et il fut nommé censeur royal en 1758. Installé dès son retour du Sénégal chez le botaniste Bernard de Jussieu, il cherchera pendant plus de dix ans à ordonner ses collections botaniques. Sous l’influence de Jussieu, il élabora une méthode de classification qui rejetait les systèmes — jugés artificiels — de John Ray, Tournefort et Linné. Il put ainsi publier en 1763 son livre intitulé Familles des Plantes, qui présentait cette nouvelle classification ainsi qu’une nouvelle nomenclature basée sur 65 caractères végétaux et pas seulement ceux de la fleur comme proposé par Linné. Il devint membre de la Royal Society en 1761 et associé-botaniste à l'Académie des sciences en 1773. Adanson soumit le à l'Académie des sciences le plan d'une œuvre immense, couvrant tous les êtres connus. Elle consistait en 27 gros volumes expliquant les relations entre toutes les entités ; il y avait cent cinquante volumes supplémentaires, consacrés à 40 000 espèces, un glossaire de 200 000 mots, des mémoires particuliers, 40 000 figures et 30 000 spécimens des trois règnes de la nature. Un comité conseilla fortement à Adanson de publier séparément tout ce qui était de son cru, laissant de côté ce qui n'était que compilation[12]. Adanson rejeta obstinément le conseil, et le travail, qu'il poursuivit et auquel il consacra ses ressources, ne fut jamais publié[13]. À cette époque, le jeune mais ambitieux Antoine-Laurent de Jussieu, neveu de Bernard de Jussieu, considérait la classification proposée par Adanson comme une copie de celle proposée par son oncle alors qu’elle résultait plutôt de leur coopération passée ; toutefois, l'ouvrage d'Adanson venait d'ouvrir la voie au sien, Genera plantarum (1789). Vie personnelleIl épouse le 9 mai 1770 à Paris, en la paroisse Saint-Hilaire, Jeanne Bénard. Le , Jeanne Bénard met au monde Aglaé Adanson[14], qui suivra plus tard ses traces. Ce bonheur fut de courte durée ; le couple se sépare en 1784 et Aglaé vivra avec sa mère chez Girard de Busson, ami proche de sa mère. La jeune fille fut mise en pension, en 1785, au couvent des Dames du Calvaire à Paris[15],[16]. Elle créa en 1804 l'arboretum de Balaine. On ne connaît aucun élève[17] à Michel Adanson. Pierre Sonnerat était son correspondant à l'Académie[18]. Fin de vieAppauvri par son voyage au Sénégal[19], Adanson aurait pu vivre et satisfaire à ses besoins de savant avec ses fonctions et ses pensions ; mais il conservait l’idée de réaliser à lui seul son encyclopédie et y consacrait tous ses moyens. Louis XVI lui accorda l’usage de l'Imprimerie royale pour les vingt-sept volumes qui devaient former cet ouvrage dont le titre aurait été Ordre universel de la nature. La Révolution arriva et ses moyens financiers lui furent supprimés. La perte à laquelle il fut le plus sensible fut celle du jardin où, depuis plusieurs années, il suivait d’importantes expériences sur les végétaux et en particulier sur les mûriers. Malgré ses difficultés pécuniaires, il refusa les offres de s’établir chez eux que lui firent l’empereur d’Autriche, l’impératrice Catherine II et le roi d’Espagne. La réalité de sa profonde misère ne fut révélée qu’au moment de la création de l’Institut, en 1798. Invité à venir prendre place parmi les membres de l’Académie des sciences, il répondit qu’il manquait de chaussures pour y aller[4]. Le ministre Bénézech lui fit accorder une pension de 6 000 francs et, plus tard, Napoléon doubla cette somme. Adanson présida encore, en 1800, l’assemblée des souscripteurs d'un monument à la mémoire de Desaix. Il mourut dans la solitude et le plus complet dénuement. Il s’exclama en mourant :
Il avait demandé, dans son testament, qu’une guirlande de fleurs, prises dans les cinquante-huit familles de plantes qu’il avait établies, fût la seule décoration de son cercueil[4]. ŒuvresPublications
Contributions à l'Encyclopédie
Correspondance
HommagesLe genre Adansonia L., 1753 qui regroupe les baobabs lui est dédié[1]. C'était également le nom de la revue du laboratoire de phanérogamie du Muséum d'histoire naturelle de Paris, éditée de 1964 à 1980[36]. ReconnaissanceDans son « éloge », Cuvier n'avait pas caché les contradictions du personnage : « Courage indomptable et patience infinie, génie profond et bizarrerie choquante, ardent désir d'une réputation prompte, et mépris des moyens qui la donnent ; calme de l'âme, enfin, au milieu de tous les genres de privations et de souffrances[37] ». Mais, peu après l'éloge, et pour tout le XIXe siècle, Adanson fut oublié, sauf de sa famille (sa fille, fondatrice de jardin botanique, et son neveu, éditeur de ses œuvres). Le XXe siècle[38] l'a redécouvert, sans se cacher que ses contradictions ont peut-être en partie causé son malheur et son oubli[17],[39]. Honneurs
ÉponymieEn sciences naturelles
Toponymes
Adanson dans la fiction
Notes et références
Voir aussiBibliographie
Article connexeLiens externes
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