Jean Diot et Bruno LenoirJean Diot et Bruno Lenoir sont les deux derniers Français connus pour avoir été condamnés à la peine de mort en raison d'une pratique homosexuelle. Au terme d'un procès de six mois, ils sont étranglés puis brûlés à Paris, en place de Grève, le . En 2014, une plaque commémorative est inaugurée pour rappeler leur souvenir. Exposé des faitsLe , Julien Dauguisy, sergent du guet, déclare par procès-verbal devant Jacques François Charpentier que le jour même, vers onze heures du soir, il a vu rue Montorgueil, entre les rues Saint-Sauveur et Beaurepaire[a], deux hommes « en posture indécente et d’une manière répréhensible », dont l'un lui a paru ivre. Il les a arrêtés et emprisonnés[1]. Les accusés sont interrogés le . Jean Diot est « gagne-deniers » dans une charcuterie voisine sise rue de la Fromagerie, tenue par la dame Marin ; il a 40 ans[b]. Bruno Lenoir est cordonnier ; il a 21 ans[c]. Ce dernier affirme que Jean Diot lui a proposé un rapport sexuel anal qui n'a pu aboutir vu l'arrivée d'un témoin. Jean Diot nie les faits : ayant vu Bruno Lenoir endormi sur le pas d'une porte, il a souhaité l'aider. Jean Diot ne sait pas écrire et ne peut signer sa déposition, à l'inverse de Bruno Lenoir[2]. Procès et exécutionD'origine modeste, les deux accusés manquent de moyens et surtout de relations pour se défendre. Ce qu'on leur reproche est avant tout le scandale. Le , le procureur requiert la condamnation à mort sur le bûcher - peine alors réservée, dans l'Europe chrétienne, aux hérétiques, aux sorciers et aux homosexuels auteurs de sodomie[1]. La sentence est rendue le et enregistrée le au Parlement de Paris[3]. Elle condamne les deux hommes - de nouveau interrogés le [4] - à la confiscation de leurs biens ou, à défaut, au paiement d'une amende de 200 livres chacun, à être brûlés et leurs cendres jetées au vent. Une clause de retentum est introduite : les condamnés « seront secrètement étranglés avant de sentir le feu ». Elle laisse supposer une intervention de leur entourage pour éviter aux suppliciés, moyennant finances, une fin particulièrement atroce. L'exécution a lieu en place de Grève le lundi , à 17 h. Le mémorialiste Barbier la relate dans son journal :
— Edmond Jean François Barbier, Journal historique et anecdotique, Bibliothèque nationale de France, manuscrit français 10289, folios 149 et 152. PostéritéLe , devant le 67 rue Montorgueil[a], à l'angle de la rue Bachaumont, une plaque apposée sur le trottoir est inaugurée au nom du devoir de mémoire. La communauté homosexuelle française érige les deux hommes en martyrs[5]. Courant 2018, l'endroit est vandalisé : le 17 mai, une gerbe commémorative est brûlée[6] ; en juillet, la plaque est maculée de peinture noire et recouverte de tracts hostiles à l'homoparentalité par un militant homosexuel de La Manif pour tous[7],[6],[8]. Le , à l'occasion de la journée mondiale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie, une plaque comportant un texte identique à celle posée en 2014 est dévoilée 1 rue Léopold-Bellan. Elle est scellée sur la façade de l'immeuble quelques jours plus tard, au-dessus de la porte d'entrée[9]. En octobre 2024, Pauline Valade publie Bruno et Jean, un roman inspiré de cette affaire. Si l'historienne s'est tournée vers cette forme « faute d'archives suffisantes », elle s'est néanmoins beaucoup documenté pour « invent[er] un destin plausible » à Jean Diot et Bruno Lenoir[10]. Notes et référencesNotesRéférences
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