Gabriel Hanotaux est le fils d'Édouard Hanotaux, notaire, et de son épouse née Viginie Martin. Il fait ses études au lycée impérial de Saint-Quentin. Son père meurt et il poursuit ses études à Paris. Encouragé par le directeur de l'École des chartes, Jules Quicherat, qui lui reproche une absence de méthode[2], Gabriel Hanotaux suit l'enseignement de cette école, mais, peu désireux de devenir archiviste, devient, à la demande de Gabriel Monod[3], maître de conférences à l'École pratique des hautes études en 1880.
Parcours professionnel
En 1879, il intègre les cadres du ministère des Affaires étrangères comme secrétaire-adjoint et gravit un à un les échelons de la carrière diplomatique. Il sert notamment comme secrétaire d'ambassade à Constantinople. Il s'intéresse très tôt aux questions coloniales au contact de Jules Ferry. Il collabore au journal La République française. Il est fait chevalier de la Légion d'honneur le 30 décembre 1882.
Gabriel Hanotaux est le frère de Karl Hanotaux (1852-1927)[4] et le parent par sa mère de l'historien et sénateur Henri Martin, qui est picard comme lui et auquel il a consacré un livre. Il a aussi fréquenté, dans les milieux littéraire et artistique, Barbey d'Aurevilly, Paul Bourget, Léon Bloy et Sarah Bernhardt[5].
Élu député de l'Aisne en 1886, il est battu en 1889. Il milite dans le camp républicain aux côtés de Gambetta et de Jules Ferry, dont il sera le chef de cabinet lorsque celui-ci est nommé président du Conseil en 1883. En 1892, il est chargé de négocier avec sir Charles Tupper, haut commissaire du Canada à Londres, un traité de commerce entre la France et le Canada qui sera signé l'année suivante.
Le , il devient ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de Charles Dupuy. Il le demeure jusqu'au 14 juin 1898 avec toutefois une interruption durant le Gouvernement Léon Bourgeois du 1er novembre 1895 au 23 avril 1896[6]. Le 11 octobre 1894, il s'oppose aux poursuites contre le capitaine Dreyfus[7]. Méfiant à l'égard de l'Angleterre, il s'attache à créer un bloc continental européen capable de rivaliser avec l'Angleterre en établissant une alliance solide entre la France, l'Allemagne et la Russie, et combat sans relâche la volonté de revanche contre l'Allemagne. L'affaire Dreyfus rendra ces efforts illusoires. Il plaide également pour une politique de développement en Afrique, se faisant notamment l'avocat du chemin de fer transafricain.
Il est à nouveau ministre des affaires étrangères de 1896 à 1898 dans le gouvernement Jules Méline. Il s'attache à resserrer les liens entre la France et la Russie, et accompagne le président Félix Faure en visite officielle à Saint-Pétersbourg. L’incident de Fachoda en juillet 1898 est directement lié à sa politique africaine et à sa défiance à l'égard de l'Angleterre. C'est à cette époque qu'il fréquente le salon de Madame Arman de Caillavet, l'égérie d'Anatole France. Il épouse Jéronime Victorine Négadelle en 1905, mais elle meurt un an plus tard.
En 1909, il est le président-fondateur du Comité France-Amérique (CFA)[8]. Il sera l'instigateur de plusieurs missions dont la : Mission Champlain (1912), la Mission Fayolle (1921) et la Mission Jacques Cartier. En 1914, il participe à la création du Comité de Secours national de France dont il devint vice-président qui utilisait les locaux du CFA[9]. Il épouse en 1913 Marie de la Crompe de la Boissière veuve de Gustave Lambert.
Délégué de la France à la Société des Nations, il participe aux première (15 novembre-18 décembre 1920), deuxième (5 septembre-5 octobre 1921), troisième (4 septembre-30 septembre 1922) et quatrième (3 septembre-29 septembre 1923) assemblées générales. Il s'oppose notamment à l'admission de l'espéranto comme langue de travail de la Société des Nations.
Il est enterré au cimetière de Passy (15e division). Son épouse en secondes noces (Marie Charlotte Nathalie de La Crompe de La Boissière) est décédée en 1952. Le couple n'a pas eu d'enfants. Leur nièce France Boyer de Fonscolombe (née France de La Crompe de La Boissière) à vécu une grande partie de sa jeunesse avec eux.
Parcours professoral
Gabriel Hanotaux enseigne quelque temps à l'École libre des sciences politiques. Pierre Rain rapporte qu'il dispensa un cours sur les « négociations les plus délicates de la fin du XIXe siècle »[12].
Gabriel Hanotaux a publié divers ouvrages historiques dont le plus connu et le plus important est l'Histoire du cardinal de Richelieu (2 vol., 1888). Il est aussi l'auteur d'un essai de référence sur les Origines de l'institution des intendants des provinces (1884) et d'une Histoire de la France contemporaine (1871-1900) (1903-1908) qui est un classique. Il a également édité les Instructions des ambassadeurs de France à Rome, depuis les traités de Westphalie (1888).
Œuvres
Les Villes retrouvées (1881).
Origines de l'institution des intendants des provinces, d'après les documents inédits (1884).
Études historiques sur le XVIe et le XVIIe siècle en France (1886).
Recueil des instructions données aux ambassadeurs et ministres de France : depuis les traités de Westphalie jusqu'à la Révolution française (1888-1913).
Essai sur les libertés de l'Église gallicane depuis les origines jusqu'au règne de Louis XIV (1888).
Note sur la famille maternelle de Jean de La Fontaine (les Pidoux du Poitou et de l'Île-de-France) (1889).
La jeunesse de Balzac. Balzac imprimeur 1825-1828, avec Georges Vicaire Paris, A. Ferroud, 1903, 1re édition. Librairie des Amateurs, A. Ferroud, F. Ferroud, 1921. La partie « Balzac imprimeur » recense et décrit tous les livres imprimés par Balzac dans son imprimerie.
↑Peter Grupp, Gabriel Hanotaux. Le personnage et ses idées sur l'expansion coloniale in Outre-Mers. Revue d'histoire, année 1971, no 213, pp. 383-406
↑Voir Mon temps, t. 1 : « Je comprends, me dit-il. Vous n’êtes plus dans l’âge des écoles. Mais il n’en reste pas moins, je vous le répète, que vous manquez de méthode », p. 300.
↑Alban Lachiver, « Le soutien humanitaire canadien-français à la France en 1914-1918 », Guerres mondiales et conflits contemporains, no 179, , p. 147 (JSTOR25732264).
↑Desachy, Répertoire de l'affaire Dreyfus 1894-1899, p. 14.
↑Alban Lachiver, « Le soutien humanitaire canadien-français à la France en 1914-1918 », Guerres mondiales et conflits contemporains, no 179, , p. 148 (JSTOR25732264).
↑Alban Lachiver, « Le soutien humanitaire canadien-français à la France en 1914-1918 », Guerres mondiales et conflits contemporains, no 179, , p. 149 (JSTOR25732264).
Michel Wattel et Béatrice Wattel (préf. André Damien), Les Grand’Croix de la Légion d’honneur : De 1805 à nos jours, titulaires français et étrangers, Paris, Archives et Culture, , 701 p. (ISBN978-2-35077-135-9), p. 208.