Des preuves archéologiques font remonter au début de l'âge du fer, vers le IXe siècle av. J.-C., la présence humaine sur le plateau de l'actuelle Cerveteri. La disparition presque simultanée des implantations de l'âge du bronze aux alentours suggère que la ville fut fondée à la suite de phénomènes de centralisation de la population, pour des besoins économiques et défensifs[réf. nécessaire].
« Anciennement, en effet, Cæré se nommait Agylla : c'étaient, à ce qu'on assure, des Pélasges venus de Thessalie qui l'avaient fondée. Mais les Lydiens (j'entends ceux qui prirent le nom de Tyrrhènes) ayant mis le siège devant Agylla, un des leurs, dit-on, s'approcha du rempart et demanda qu'on lui dit le nom de la ville, et comme, au lieu d'obtenir la réponse à sa question, il avait été salué par un Thessalien du haut du rempart du mot Χαῖρε (bonjour), les Tyrrhènes virent là un présage heureux et firent de ce mot un nom nouveau qu'ils donnèrent à la ville, quand ils l'eurent prise. Aujourd'hui, du reste, cette ville illustre et naguère si florissante, n'est plus que l'ombre d'elle-même, au point que les thermes qui se trouvent dans ses environs, les thermes dits de Cæré, sont en réalité infiniment plus peuplés qu'elle, vu l'affluence des gens qui s'y rendent pour raison de santé. »
Lorsque Brennossaccagea la ville de Rome en , Cisra soutint les Romains : elle reçut les vestales et la population fuyant l'invasion, puis attaqua en Sabine les Gaulois sur le chemin du retour, parvenant à récupérer le trésor volé aux Romains.
Vers 358-351 av. J.-C., alors que Rome était en guerre contre Tarquinia, Cisra noua une alliance avec les Romains [4]. Il semble qu'elle resta neutre et ne participa pas aux combats contre les Étrusques. Puis Cære fut intégrée aux possessions romaines vers le milieu du IVe siècle av. J.-C. en devenant le premier municipesine suffragio[5]. Elle conserva ses institutions particulières qui sont encore attestées au IIe siècle de notre ère.
Compléments sur les périodes préhistoriques et antiques de Cisra / Caere
En contre-point, les connaissances que l'on possède sur la cité de « Cisra » à l'époque villano-proto-étrusque et au début de la période orientalisante (du IXe siècle av. J.-C. jusqu'au début du VIIe siècle av. J.-C.) présentent une relative faiblesse en regard de celles correspondant à la fin de cette dernière et à l'ensemble de l'époque archaïsante[24],[25]. Toutefois, on peut objecter que le complexe funéraire auquel la métropole est associée, nous fournit des éléments d'information matériels. La nécropole de Banditaccia, localisée à quelques centaines de mètres, est attestée dès le début du IXe siècle av. J.-C. Ces nombreuses tombes ont fait l'objet de multiples fouilles et découvertes archéologiques majeures[d][28], elles révèlent des indices concrets sur le quotidien social, culturel et économique des citadins du complexe proto-urbain de « Cisra », au cours de la genèse de la civilisation étrusque[e][21],[22],[28],[29].
Pour autant, les connaissances que l'on possède de cette métropole étrusque du Latium septentrional, bénéficient d'un élément archéologique concret témoignant de l'existence probable d'un haut personnage, un « Zilath »[30],[31],[32],[33],[34],[35],[f] (l'équivalent du rex en Étrurie). Cette personnalité souveraine, connue sous le patronyme de « Thepharie Velanias »[39],[40],[41] (ou « Thebarie Velanias »[42] selon la traduction), aurait régné sur la cité de « Cisra » au cours du VIe siècle av. J.-C.[39]
En l'occurrence, une dédicace à vocation à la fois funéraire et religieuse[g], dont on a retranscrit la syntaxe apparaissant sur l'un des artéfacts épigraphiques du groupe dit lamelles de Pyrgi[h],[43], met en lumière certains faits et événements historiques associés au « zilath » de « Cisra ». La lamelle A de Pyrgi matérialise également les circonstances relatives à la mort du roi étrusque[44],[45],[46],[39],[43]. En voici la transcription littérale, établie en langue étrusque :
— Scuola Normale Superiore Laboratorio di Storia, Archeologia, Epigrafia, Tradizione dell'antico[i], Lamelle A de Pyrgi, 2008-2016[43].
Moyen Âge et Ère moderne
Malgré la décadence généralisée des villes italiennes après la chute de Rome, Caere dut conserver une certaine importance puisque qu'elle fut un évêché jusqu'en 1029, avec huit évêques recencés, mais la ville elle-même était directement gouvernée par la papauté.
Entre les XIIe et XIIIe siècles une partie de sa population dut s'installer dans une localité voisine, Cere Novum, aujourd'hui Ceri, distincte de Caere renommée Cere Vetere, qui au XIIIe siècle appartenait à une Famille seigneuriale romaine, les Normands (Normanni (famiglia)(it)).
Le fief passa ensuite entre plusieurs mains, pour terminer entre celles des Ruspoli (Ruspoli family(en)) en 1674, jusqu'à l'abolition totale de la féodalité en Italie en 1870.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, deux aérodromes militaires furent opérationnels sur le territoire communal : "Cerveteri" et "Furbara" (Aeroporto di Furbara(it)). Sur ce dernier aérodrome, en 1938, Mussolini et Hitler assistèrent à une démonstration voulant démontrer l'efficacité de l'armée de l'air italienne.
Plusieurs hameaux sont intégrés à la structure communale de Cerveteri : Sasso, Ceri, Valcanneto, Marina di Cerveteri, Cerenova, Campo di mare, San Martino, I Terzi, Due Casette.
↑Laquelle est associée au complexe urbain étrusque de « Cisra ». Le caveau mortuaire étrusque est dénommé la Tomba Dei Capitelli.
↑La cité « Cisra », se préemptait d'un emplacement légèrement en retrait par rapport par rapport à la côte tyrrhénienne, toutefois on objecte que cette dernière possédait un débouché maritime, via le site portuaire étrusque de Pyrgi[11],[12],[13],[14].
↑L'inscription procède d'un cadre et d'un contexte religieux. Concrètement, cette dernière a été mise au jour lors des fouilles d'un temple étrusque dévolu à la déesse égyptienne étruscoïséeAstarté, à Pyrgi.
↑À défaut de connaître leurs noms étrusques, Alsium et Punicum portent leurs noms romains. Les prisonniers grecs faits lors de cette bataille auraient été menés jusqu'à Cisra et lapidés.
↑Magazine Historia Grand Angle, numéro spécial de juin 2023 « Les Étrusques - Rome leur doit temps [?] », p. 7.
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