Stanislas Leszczynski, roi de Pologne en exil, beau-père de Louis XV depuis 1725, souhaitait depuis son séjour au château de Chambord (1725-1733) créer autour de lui une institution académique[2].
Devenu duc de Lorraine en 1737, sous contrôle de la cour de France (la Lorraine devant devenir française à la mort de Stanislas, selon le traité de Vienne), il ne peut d'abord réaliser ce souhait en raison de l'opposition du chancelier Antoine-Martin Chaumont de La Galaizière, haut fonctionnaire français (intendant de la généralité de Soissons de 1731 à 1737).
Un changement intervient lorsqu'un ami de Stanislas, le comte de Tressan, est nommé gouverneur de Toul (un des Trois-Évêchés) en 1749. Membre de l'Académie des sciences, il a des liens avec de nombreux intellectuels et encourage les projets de Stanislas.
Celui-ci commence par créer une bibliothèque publique, dont le règlement est promulgué le [3]. Les responsables de la bibliothèque, les « censeurs », sont chargés de choisir les livres, mais aussi de décerner des prix. Ils doivent se réunir tous les jeudis et tenir une séance publique les 8 mai[4] et 20 octobre (date anniversaire de Stanislas). L'inauguration de la bibliothèque a lieu le 8 mai 1751 et c'est à cette occasion qu'un orateur prononçant l'éloge de Stanislas le qualifie de « Bienfaisant »[5].
Assez rapidement, le groupe des censeurs va être étoffé et devenir une sorte d'académie ; le , Stanislas promulgue le statut de la Société royale des sciences et belles-lettres de Nancy, dans lequel un article utilise même le mot « académie ».
Parmi les membres de la société des premières années, on peut remarquer la présence de Montesquieu. En revanche, Voltaire, pourtant ami de Stanislas (il a fréquemment séjourné à Lunéville en 1748-1749 et correspond régulièrement avec lui), n'a pas été sollicité, en raison d'une certaine hostilité de la cour de France.
Évolution ultérieure
Durant la Révolution française, la société est dissoute à la suite d'une mesure générale prise par la Convention le . Néanmoins, les anciens académiciens restent en contact et, le , obtiennent du préfet Marquis l'autorisation de se réunir à nouveau, sous le nom de Société libre des sciences, lettres et arts de Nancy.
À chaque changement de régime politique, elle doit modifier son nom :
En 1852, elle prend le nom d’Académie de Stanislas, qui lui restera définitivement.
Bien que Nancy soit sous le feu des canons allemands à longue portée durant la Première Guerre mondiale, les académiciens restés dans la ville continuent leurs réunions.
En revanche, pendant la Seconde Guerre mondiale, ils ont considéré que l'académie ne pouvait pas se réunir librement et les séances ont été interrompues. Il a donc fallu reconstituer l'académie en 1945 et nommer de nouveaux membres.
Prix et bourses
L'Académie de Stanislas délivre de nombreux prix chaque année lors de sa séance de janvier :
prix artistique Henri-Galilée : attribué tous les deux ans à un artiste peintre lorrain ;
prix Suzanne-Zivi : attribué à un jeune chercheur de l'Université de Lorraine ;
prix du professeur Jean-Hartemann : attribué à une personne ou association œuvrant pour la santé de la mère et de l'enfant ;
prix du doyen Jacques-Parisot : attribué pour des travaux prolongeant ceux du doyen Jacques Parisot dans le domaine social ;
prix du professeur Paul-Louis-Drouet : attribué pour un ouvrage ou une thèse dans le domaine de la santé ;
prix de dévouement Cadiot, Partouneau, Joly, Roty et prix du professeur Louyot : attribués à des personnes ayant fait preuve de dévouement ou de courage dans des actions sociales ;
grand prix : délivré en partenariat avec la banque CIC Est à une personnalité, une institution ou une association ayant œuvré pour des Lorrains ou le renom de la Lorraine.
Elle délivre également plusieurs bourses artistiques.
Jean Joly, premier président honoraire de la Cour d'appel de Nancy, président en 1945 ;
André Rosambert, président de Chambre à la Cour d'appel de Nancy, président en 1946 ;
Félix Senn, recteur honoraire de l'académie de Nancy, président en 1947 ;
Jean Thiry, historien, docteur en droit, docteur ès lettres, président de la Fédération nationale des orphelins de guerre, ancien avocat à la Cour d'appel de Paris, 1948 ;
Paul Dimoff, professeur honoraire de la Faculté des lettres, président en 1949 ;
Édouard Salin, maître de forges, membre de l'Institut, président de la Société d'archéologie lorraine et du Musée historique lorrain, président en 1950 ;
↑Godfrin (1894-1965) est catholique (président des anciens du GEC de Nancy en 1931 (La Croix, , « Le congrès des étudiants catholiques à Nancy »), royaliste (il a collaboré dans l'entre-deux-guerres au Courrier de Lorraine et de Franche-Comté), ancien combattant (vice-président d'honneur de la section de l'AMC de Gerbéviller dans les années 1920), lettré et érudit local à l'instar de son ami Charles Berlet. Il est le trésorier de l'Union de la presse périodique de l'Est (1932). Membre depuis 1926 de la société d'archéologie lorraine et du musée historique lorrain, il est associé-correspondant de l'académie de Stanislas en 1937 (Mémoires de l'académie de Stanislas, 1939, présentation de J. Godfrin), membre titulaire (1945) et président de cette société savante (1953-1954). Cf. le Dossier de la Légion d'honneur de Jean Godfrin sur la base Léonore.