Distillerie de Lembecq
HistoireCette unité de production traverse les périodes de l'histoire belge (l'ancien régime dont la période autrichienne, ensuite les occupations française, napoléonienne, et finalement la création de l'État belge, ainsi que la première guerre mondiale). À sa création, l'atelier contenant un simple alambic tire un avantage notable des conditions administratives et fiscales du village de Lembecq, héritées du moyen âge. Cette région, ancienne possession de la principauté de Liège, bénéficiant du statut de ville franche, territoire où l'imposition fiscale des sujets et propriétés est inexistante et avait préservé ce privilège[8]. A cette époque Lembecq est également située à la frontière de deux territoires stratégiques le duché de Brabant et le comté de Hainaut au cours les siècles précédents (au 12e siècle), y devient un zone neutre attachée à la principauté de Liège. On observe dans cette région une grande profusion de distilleries[9]d'alcool au début du 18e siècle, la plupart étant le résultat d'initiatives individuelles, de courte durée,ne laissant que peu de traces dans les archives. L'occupant français au 18ème siècle utilise l'expression "le village des alambics". L'absence de taxes et accises est une des raisons de ce développement. La proximité de grandes agglomérations (Bruxelles) et autres villes du Brabant reliées par un réseau navigable (La Zenne et les canaux creusés pendant la période autrichienne (1713-1794) couvrant l'ensemble du Brabant est un autre élément de cette croissance régionale. L'administration autrichienne ayant aussi favorisé la croissance de l'activité commerciale. Le nombre de distilleries décolle, on parle de 40 unités. A cette époque une brasserie est aussi érigée par la famille Claes à Hondzocht, un hameau de Lembeek. A cette époque, le distillateur Claes diversifie sa production, acquiert des moulins sur la Zenne, modernise ses unités (machine à vapeur). La famille domine la vie économique et politique locale sous la direction de Philippe Claes (1716-1784) , les producteurs de grains locaux signent des accords commerciaux ou doivent se résoudre à l'obligation à délivrer leur production agricole et faire usage des infrastructures de la distillerie Claes (notamment le moulin à grains). C'est sous la gestion de Jean-Baptiste Claes (1748-1784) que la distillerie atteint le sommet de sa croissance. Avec l'arrivée des troupes révolutionnaires françaises, vers 1794 et l'annexion des provinces du sud, la période dite de l'ancien régime se termine. La fiscalité favorable est remise en question, des barrières douanières se créent et un certain protectionnisme français (protection du secteur vinicole) apparaît. Des menaces de fermeture des distilleries sont propagées par l'administration française, c'est l'époque de la guerre des paysans. Les biens privés sont confisqués, vendus à l'Etat. Jean-Baptiste Claes saisit cette opportunité pour convertir le revenu de ces ventes en biens fonciers. Pendant la période Napoléonienne la croissance du secteur des spiritueux reprend haleine. De nouvelles technologies de distillation sont installées (machine à vapeur, colonnes de distillation). L'Angleterre est écartée du réseau commercial. La transition hollandaise de 1815-1830 apporte une nouvelle liberté aux industriels. L'entreprise Claes continue sa diversification, une malterie industrielle est introduite, en 1830 une colonne de distillation de marque Cellier Blumenthal est intégrée à l'outil de production. Au niveau local, une culture dirigée de la betterave et des grains est imposée aux paysans locaux, les terres de la famille Claes sont proposées ou imposées à la location à cet effet. À partir de 1830 un nouveau contexte économique et politique (la famille a livré quatre bourgmestres en 50 ans) s'installe avec la création du nouvel État belge. Les entreprises nationales sont encouragées ou libérées de contrôle , la diversification de l'entreprise Claes reprend.Une demande de création d'une sucrerie est introduite en fin 1835. Des résidus de cette dernière unité de production proviennent l'alimentation pour bétail et les engrais. Paul Claes (1861-1879) est aux commandes de l'entreprise, il est le dernier membre de la famille à occuper la place de bourgmestre à Lembeek. Il avait été anobli au titre de Chevalier par sa majesté le roi des belges Léopold II. Au cours de la Première Guerre mondiale, les installations sont démantelées à la suite des ordres de confiscation de l'armée allemande. La distillerieLa distillerie Claes de Lembeek est localisée au centre du village de Lembeek dès sa création dans une ferme achetée par son propriétaire. Les bâtiments ont été détruits au cours du 20e siècle, y compris le moulin (1881)[10] et la haute cheminée carrée. La seule trace restante étant l'indication "rue de la Distillerie". Un dessin des installations confirmant la position de la distillerie par rapport à l'église (centre du village) est fournie l'archiviste et dessinateur Alphonse Wauters dans sa publication ainsi que reprise dans la revue "Molen echo's". Une aquarelle du peintre Auguste de Peellaert conservée au musée communal de Bruges illustre cette époque, on y découvre le moulin, une cheminée carrée et le bâtiment principal de la distillerie. Moulin en pierresLa construction du moulin[11],[12] est un pas important dans la stratégie politico-sociale de la famille Claes. En effet, la participation des membres de la famille (en tant que bourgmestres) à la gestion politique du village a favorisé à la mise en place d'une situation monopoliste, les agriculteurs locaux viennent moudre leurs grains au moulin Claes et la firme négocie le prix des denrées en exclusivité. Liste des bourgmestres dans la période 1800-1880 1808 - 1816 Jean Baptiste Claes - 1825 - 1847 Charles François Claes - 1847-1861 Victor Ghislain Claes - 1861-1879 Paul Alexandre Claes. Liste de propriétaires successifs du moulin au sein de la famille Claes (dates de actes auprès du notaire Lindemans, à Lembeek) illustrant la continuité familiale dans la gestion de affaires. 1830 propriétaire: Claes-Walravens Carolus Franciscus (Lembeek, 1787-1847) - 23.01.1847, héritage: Maria Anna Petronella Walravens (Brussel 1787 - Lembeek 1864), veuve de Carolus Franciscus Claes - 21.03.1847, donation: a) Claes Victor Jean Ghislain (Brussel, 1815-1900), b) Claes Paul Alexander Ghislain (Lembeek, 1818-1884) et c) Claes Françoise Ghislaine (Lembeek 1821 - ? 1878) - 24.03.1847 vente: a) Claes Victor Jean Ghislain, propriétaire et b) Claes Paul Alexandre Ghislain propriétaire - 25.07.1859, vente: Claes Paul Alexandre Ghislain, fabriquant à Lembeek. References
Notes© Vue de Lembecq (uit: Alphonse Wauters, Atlas Pittoresque des Chemins de Fer de la Belgique. Composé de 15 cartes ornées de vues et contenant une notice historique et statistique sur les chemins de fer, Brussel, Etablissement Géographique de Ph. Vandermaelen, 1840 Molen echo's https://www.molenechos.org/molen.php? - L. Everaert, J. Bouchery, "Geschiedenis der oude vrijheid Lembeek", Antwerpen. De Vlaamsche school. Jaargang 22 - 1876 tijdscrift Vlaamsche School https://www.dbnl.org/tekst/_vla010187601_01/_vla010187601_01_0120.php - Herman Holemans, "Kadastergegevens: 1835-1985. Brabantse wind- en watermolens. Deel 2: arrondissement Halle-Vilvoorde (A-L)", Kinrooi, Studiekring Ons Molenheem", 1991, p. 69. - M.A. Duwaerts e.a., "De molens in Brabant", Brussel, Dienst voor Geschiedkundige en Folkloristische Opzoekingen van de Provincie Brabant, 1961. - J. Verbesselt, "Het parochiewezen in Brabant tot het einde van de 13e eeuw", deel 20, Halle en Lembeek", Brussel, 1987, p. 424. - Centrale archeologische inventaris van het agentschap onroerend erfgoed, ID 1905. - Inventaris onroerend erfgoed: Hallerbos - Lembeekbos - Maasdalbos [online], https://id.erfgoed.net/erfgoedobjecten/135379 (geraadpleegd op 19 mei 2024). - Jeroen Vermeersch, archeoloog-zaakvoerder AntiQ V.O.F. (Brugge), 19.05.2022. |