Lors de fouilles effectuées en 1903, rue du Hameau, ont été découverts quelques silex taillés, un bois de cervidé, une hache moustérienne et une coquille de pétoncle percée d’un trou pour être portée suspendue comme bijou ou amulette[2].
Antiquité
Sur le même site de fouilles, une nécropole a été mise au jour. Elle est constituée de plusieurs fosses contenant des poteries romaines, des vases funéraires remplis d’ossements humains, une meule romaine et une monnaie en bronze à l’effigie d’Hadrien[3].
En 1894, un autre nécropole, estimée d’époque romaine, est découverte rue de Dantzig. Des vases anciens, neuf squelettes humains et des pièces en bronze ont été mis au jour[3].
Sous l'Ancien Régime
Au XIIIe siècle, 300 habitants s'étaient rapprochés des terres cultivées par les moines. En mémoire de l'abbé Gérard de Moret, prieur de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés sous saint Louis qui y avait fondé une maison de campagne pour ses moines en 1256[4], cet endroit jusqu'alors dénommé « Valboistron » ou « Vauboitron » devint le « Val Gérard » puis « Vaugirard »[5],[6]. Le vocable « Valboistron » serait formé des mots « vallis », « bos » et « stare » indiquant une vallée occupée par des étables bovines[7].
En 1340, Vaugirard n'avait encore, comme lieu de culte, que la petite chapelle située dans ce domaine monastique[8]. Alléguant la distance qui les séparait de leur église paroissiale située à Issy, les habitants obtinrent d'abord de l'abbé Jean de Précy la permission, en 1341, de bâtir une chapelle publique[9]. Avec l'appui de Simon de Buci (en particulier pour le dédommagement du curé d'Issy), les habitants obtinrent peu après de l'évêque de Paris, le , l'érection d'une véritable paroisse[10]. La nouvelle chapelle, ainsi devenue première église paroissiale de Vaugirard et dédiée à Notre Dame, occupait l'ancienne place Saint-Lambert (devenue en 1937 place Henri-Rollet). Agrandie plusieurs fois, dépouillée de ses ornements et transformée en magasin de fourrages sous la Révolution, ébranlée, en 1794, par l'explosion de la poudrerie de Grenelle qui en décale trois piliers[11], elle est décrite en 1842 par son curé comme ayant « un aspect pauvre et désagréable » tel qu'elle « n'intéresse plus que les âmes pieuses »[12], tant et si bien qu'elle est remplacée par l'actuelle église Saint-Lambert et rasée en 1854.
Pendant les guerres de Religion, nouveau siège de Paris et nouvelle occupation de Vaugirard par l'armée assiégeante, cette fois celle d'Henri IV, qui y campe dès fin octobre 1589[14].
Le , madame de Sévigné décrit ainsi la retraite dans laquelle, depuis 1670, la veuve Scarron élève les enfants que la marquise de Montespan a donnés au roi Louis XIV : « au fin fond du faubourg Saint-Germain […] quasi auprès de Vaugirard, dans la campagne »[15]. Mais ce « quasi auprès de Vaugirard », même si la « croix de Vaugirard » (actuel carrefour des rues du Cherche-Midi et de Vaugirard) n'est plus très loin, n'est pas encore Vaugirard. C'est même par erreur qu'on identifie parfois la maison de madame Scarron, dont l'accès était à l'actuel no 108 de la rue de Vaugirard[16], avec l'hôtel de Turenne, construit seulement 40 ans plus tard et qui subsiste, quoique surélevé, un peu plus loin, au niveau du no 132 ; à l'emplacement de cet hôtel particulier, comme le montre le plan de Jouvin de Rochefort, rien n'est encore construit en 1672 et c'est là seulement que commence la campagne de Vaugirard. Madame Scarron ne s'était donc pas retirée, comme on l'écrit parfois, avec les enfants du roi, « à Vaugirard » mais à Paris, dans l'une des dernières maisons de la rue de Vaugirard.
Jusqu’à la Restauration, Vaugirard est un village avec ses fermes, ses terres de labours, son maraîchage autour du village et vers Paris, vignes sur les pentes au sud de la Grande Rue. Vaugirard comprend également quelques exploitations de sable et d’argile (brique de Vaugirard) en plaine, et, au sud-est du village des carrières de calcaire à ciel ouvert mais aussi des moulins, des auberges et des relais de poste. Vers 1777, une manufacture de produits chimiques s’installe au moulin de Javel, en bord de Seine où, à côté d’une guinguette, un bac permettait d’aller à Auteuil[17].
Le village de Vaugirard qui croît de 700 habitants à près de 2 000 au cours du XVIIIe siècle, est surtout marqué par de belles résidences avec jardins : maisons de campagne des Théatins, des prêtres de Saint-Sulpice, des petits Augustins, du séminaire des Trente-Trois, château des marquis de Feuquières[6].
En 1763, Marie-Anne Botot, dite Mlle Dangeville la jeune, actrice de la Comédie-Française, renonce à la scène et se retire à Vaugirard dans la maison que lui a procurée son protecteur, le duc de Praslin[18], où elle reçoit régulièrement, pendant plus de vingt ans, artistes et littérateurs[19]. Ainsi, dix ans après sa retraite, « Les Comédiens François ayant toujours conservé une estime particulière pour Mlle Dangeville qui a fait les beaux jours de leur théâtre pendant trente-trois ans (...) ont célébré sa fête le 15 d’Août, à sa maison de Vaugirard, en lui donnant une représentation de la Partie de chasse de Henri IV, sur un petit théâtre construit dans un des bosquets de son jardin. L’illusion était complète, surtout au second acte, où la forêt étoit représentée par la nature … »[20],[21].
« Peu des habitans de ce bourg sont étrangers à l'industrie tumultueuse des maisons appelées guinguettes[22]. Le peuple de la rive gauche se rend en foule, le dimanche, à Vaugirard. Ce lieu offre assurément les plus bruyantes des saturnales hebdomadaires que la classe ouvrière célèbre aux barrières. L'hiver on danse dans de vastes salons, où tous les genres d'ivresse se confondent et s'affichent; l'été, le gazon et les ombrages des jardins sont témoins de la joie obscène des habitués de guinguette[23]. »
Peu après la sortie de Paris par la barrière de Sèvres, au 53 de la rue de Sèvres ouvre, à partir de 1765, à l'enseigne du Grand salon, le bal Ragache[24]. Cadre d'innombrables mariages et banquets[25], il est en particulier le lieu de la fête donnée par Marie-Anne et Jean-Honoré Fragonard pour leur mariage, célébré le en l'église de Vaugirard. Le sculpteur David d'Angers y offre à la typographie parisienne sa statue de Gutenberg. Gambetta, Jules Vallès, Vésinier, Rochefort le fréquentent et y animent de nombreuses réunions politiques. Le bal Ragache sera rasé en 1885 pour le percement de la rue des Volontaires[26].
La commune de Vaugirard est officiellement créée en 1789. Au cours de la Révolution française, elle porte provisoirement le nom de « Jean-Jacques-Rousseau »[27].
En 1824, Léonard Violet et Alphonse Letellier, alors conseillers municipaux de Vaugirard, font l'acquisition sur le territoire de la commune de près de 105 ha de terrain dans la plaine de Grenelle, en vue de les lotir. Nommé non sans ambition « Beaugrenelle » par ses fondateurs, puis rebaptisé plus modestement par la suite de son nom d'origine « Grenelle », le lotissement Violet, d'une ampleur exceptionnelle, se construit entre la Seine et la rue de la Croix-Nivert, et au nord jusqu'à l'enceinte des Fermiers généraux.
En 1830, Grenelle fait sécession de la commune de Vaugirard et se constitue en commune indépendante. En 1836, malgré la scission de Grenelle, Vaugirard compte 2 000 habitants de plus qu'en 1825 (8 842 habitants en 1836 contre 6 500 habitants en 1825), ce qui témoigne d'un fort dynamisme démographique (+ 36 %).
Au milieu du XIXe siècle un petit groupe de peintres, parmi lesquels Léon Loire (1821-1898), Eugène Villain (1821-1897) et Jean-Baptiste Fauvelet (1819-1883), constitue l'« école de Vaugirard »[28]. Le plus célèbre d'entre eux reste, avec son demi-frère Léon Bonvin (1834-1866), le peintre et graveur François Bonvin (1817-1887), dont les parents tenaient, à Vaugirard, un « cabaret […] bien connu de la petite colonie artistique » locale, c'est pourquoi François Bonvin se présentait volontiers comme un « gamin de Vaugirard »[28].
En 1860, Vaugirard est l'une des quatre communes entièrement annexées par Paris (les trois autres étant Belleville, Grenelle et La Villette) et a été incorporée pour l'essentiel au sein du 15e arrondissement de la capitale. La partie du hameau de Plaisance, comprise dans l'ancienne commune, située entre la voie ferrée Paris-Versailles-Rive Gauche et la rue de Vanves qui s'était urbanisée depuis la fin des années 1830, a été rattachée au 14e arrondissement. L'autre partie de ce quartier comprise dans la commune de Montrouge a été annexée en même temps à cet arrondissement. La mairie de Vaugirard a cédé la place à la mairie du 15e arrondissement.
Limites communales de 1859 reportées sur un plan moderne.
Répartition du territoire communal en 1859 entre les quartiers administratifs parisiens.
Pierre Paul Nicolas Henrion de Pansey (1743-1829), magistrat et homme politique, eut à Vaugirard une maison de campagne, « retraite chérie » entièrement consacrée au travail et à la méditation[35].
Jacques Taveau (1755-1820), conventionnel, est mort à Vaugirard.
Jean-Antoine Chaptal (1756-1832), directeur de la poudrerie de Grenelle au moment de son explosion, qui fait, en 1794, des dégâts considérables dans tout Vaugirard (et plus généralement dans tout Paris et alentours).
Eugène François d'Arnauld, baron de Vitrolles (1774-1854), « l'un des plus chauds partisans des Bourbons »[41], libéré de prison par Fouché après la seconde abdication de Napoléon le , est arrêté à nouveau par Exelmans dans les jours qui suivent et enfermé « dans une chambre » à Vaugirard, d'où il trouve le moyen de s'évader[42].
Paul de Ladmirault (1808-1898), général, et François Certain de Canrobert (1809-1895), maréchal, ont été élèves, à Vaugirard, de l'Association paternelle des chevaliers de Saint-Louis, dirigée par l'abbé Groult[47].
↑ a et bDidier Busson, Paris, Académie des inscriptions et belles-lettres Ministère de la culture Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche [etc.] diff. Fondation Maison des sciences de l'homme, coll. « Carte archéologique de la Gaule. [Nouvelle série] », (ISBN978-2-87754-056-8), pages 300 à 302.
↑Henri Cordier, « Lucien Lambeau, Études sur le Vieux Paris, Histoire des Communes annexées à Paris en 1859 publiée sous les auspices du Conseil général, Vaugirard », Journal des savants, , p. 393 (lire en ligne)
↑Martin-Rey, Paris assiégé : précis historique des sièges que cette ville a soutenus depuis César jusqu'à Guillaume, roi de Prusse, Impr. de F. Girard (Lyon), (lire en ligne), p. 12
↑Madame de Sévigné, Lettres choisies, Paris, A. Hatier, (lire en ligne), p. 256
↑« Fête particulière », Mercure de France, (lire en ligne)
↑Encyclopédie des gens du monde : répertoire universel des sciences, des lettres et des arts, t. VII, Paris, Treuttel et Würtz (lire en ligne), « Dangeville (Marie-Anne Botot, dite) », p. 506
↑Gilles Ragache, A l'enseigne du grand salon : au 53 de la rue de Sèvres était le bal Ragache (1765-1885), Évreux, Charles Hérissey, , 175 p. (présentation en ligne)
↑Alfred Delvau, Les Cythères parisiennes : histoire anecdotique des bals de Paris, E. Dentu, , 277 p. (lire en ligne), « Le bal Ragache », p. 200
↑Philippe-Jean Catinchi, « À l'enseigne du Grand salon, de Gilles Ragache », Le Monde, (présentation en ligne)
↑Louis Rozet, Notice historique sur la vie et les ouvrages de M. le baron Henrion de Pansey premier président de la Cour de cassation, Paris, Barrois & Duprat, , 72 p. (lire en ligne)