Jean FollainJean Follain
Jean Follain, né le à Canisy et mort accidentellement le à Paris, est un écrivain et poète français. Son œuvre est l'une de celles qui ont le plus contribué à l'avènement d'une poésie nouvelle, dégagée de l'empreinte du surréalisme. Dès ses premiers écrits, il est habité par la volonté de « réconcilier la parole poétique et le monde des choses les plus simples, les plus quotidiennes »[3]. BiographieJean Follain naît le dans le petit bourg de Canisy, au sud de Saint-Lô, dans la Manche, où il passe son enfance. Dès 1913, il fréquente le collège de Saint-Lô, où son père est professeur de sciences naturelles. En 1919, il séjourne à Leeds pour perfectionner, en vain, son anglais. En 1921 entreprend des études de droit à la Faculté de Caen, effectuant en 1923 un premier voyage à Paris. Il est, pour raisons de santé, exempté de service militaire. En 1923-1924, il obtient le prix Desmonts, deuxième prix de droit civil[4]. Jean Follain se fixe l'année suivante à Paris, effectue un stage chez un avoué, et découvre les milieux littéraires. En 1927 il s'inscrit au Barreau de Paris, participe aux réunions du groupe “Sagesse”, animé par Fernand Marc, fait la connaissance d'André Salmon, Pierre Reverdy, Pierre Mac Orlan, Max Jacob et Armen Lubin. Il publie en 1933 son premier recueil, "Cinq poèmes", se lie avec Eugène Guillevic et Pierre Albert-Birot. Il se marie en 1934 avec la fille du peintre Maurice Denis, Madeleine, peintre elle-même sous le nom de Dinès. La même année, il rencontre Edmond-Marie Poullain. Il reçoit en 1939 le prix Mallarmé. Malgré sa très mauvaise vue, il est mobilisé en 1940 comme canonnier dans la DCA de Châteaudun. Jean Follain, qui reçoit en 1941 le prix Blumenthal, soutient ensuite les mouvements poétiques qui refusent l'ordre de Vichy. En 1951 il abandonne sa carrière d'avocat, continuant de résider à Paris, pour un poste de magistrat au Tribunal de grande instance à Charleville. Membre du Comité du PEN club depuis 1949 il voyage à ce titre, en 1957, en Thaïlande et au Japon, et reçoit en 1958 le prix international de Capri. Multipliant les voyages, au Brésil, au Pérou et en Bolivie (1960), plus tard aux États-Unis (1966), en Côte d'Ivoire et au Sénégal (1967), il abandonne en 1961 la magistrature, participant assidûment aux Décades culturelles de Cerisy-la-Salle, tout proche de Canisy. Il reçoit en 1970 le grand prix de poésie de l'Académie française. Il meurt à Paris le , alors qu'il rentre d'un banquet donné sur le bateau du Touring Club, renversé par une voiture peu après minuit, au débouché du tunnel sur le quai des Tuileries. Il est inhumé le à Canisy. Analyse de l'œuvreL’œuvre de Jean Follain débute avec des poèmes publiés en 1928 dans la revue Les Feuillets de Sagesse du groupe Sagesse, fondé par Fernand Marc. Sa première plaquette illustrée, Cinq poèmes avec cinq gravures à l'eau forte, est imprimée en 1932. Les Éditions Corrêa font paraître La Main chaude en 1933, Paris en 1935 et L’Épicerie d’enfance en 1938. Le Prix Mallarmé en 1939 est le début de la reconnaissance d’un jeune poète. Gallimard qui devient son éditeur attitré publie Canisy (1942) et ensuite tous ses recueils de poésie, de prose et de poèmes en prose : Usage du temps (1943) – qui regroupe ses poèmes précédents – Exister (1947), Chef-lieu (1950), Territoires (1953), Tout instant (1957), Des heures (1960), Appareil de la terre (1964), D’après tout (1967), Espaces d’instants (1971) ainsi que Collège, demeuré inachevé, en 1973, deux ans après son décès. La poésie de Jean Follain est pleine des réminiscences d’une enfance enchantée contée dans ses ouvrages en prose, L’Épicerie d’enfance, Canisy, Chef-lieu et Collège qui font revivre avec une douce nostalgie un monde disparu, celui de la Normandie rurale et catholique du XXe siècle. La singulière unité de l'œuvre poétiqueLes poèmes du recueil Usage du temps sont parfois fantaisistes, plus narratifs et plus longs que les textes des recueils suivants. Exister puis Territoires, ainsi que les recueils suivants, nous livrent des poèmes concentrés, très courts, de dix à vingt vers. L’œuvre s’assombrit ensuite. Les poèmes plus austères des derniers recueils : Des heures, Appareil de la terre, D’après tout et Espaces d’instants manifestent davantage ce fond d’angoisse existentielle présent depuis l’enfance, qu’accroît la peur du vieillissement et auquel il oppose vaillamment l’émerveillement de l’instant vécu. Dans une lettre signée mais non datée, appartenant à Joë Bousquet, intitulée « Quelques réflexions sur la chose poétique[5] », Jean Follain donne en quelques mots le dessein qu'il a formé pour sa poésie : J'ai tenté en partant de l'anecdote et de la vue des plus simples objets de joindre, par le poème, l'éternel. La plupart du temps et si j'obéis à mon véritable tempérament, je me sens tenu à ce que les phrases incluses dans mes œuvres gardent un sens strict et usuel perceptible à ceux-là mêmes qui ne sentiraient pas palpiter le poème enfermé dans ces phrases. Madeleine et les recueils posthumesMadeleine Follain-Dinès, dans l’intention de continuer à faire vivre l’œuvre de son mari après son décès, décide de « terminer » les ébauches des poèmes qu’il a laissées. Les trois recueils posthumes, Présent jour, Ordre terrestre et Comme jamais, parus donc après 1971 sont le fruit d’une réécriture de l’épouse du poète. C’est en consultant le dossier de Comme jamais déposé par Madeleine dans le fonds Doucet qu’Élodie Bouygues, l'ayant-droit du poète, fait cette constatation jamais mise en lumière avant elle. HommageUn premier « prix Jean-Follain » a été fondé peu après sa mort, dans le cadre des Rencontres poétiques du Mont-Saint-Michel[6]. L’Association « Lire à Saint-Lô » et la Ville de Saint-Lô avec le concours de la Direction régionale des Affaires culturelles de Basse-Normandie, du Centre régional des Lettres de Basse-Normandie, du Conseil général de la Manche, organisent depuis 1989 un concours littéraire bisannuel « prix Jean Follain de la ville de Saint-Lô »[7]. Œuvres
Publications posthumes
Jugements« Décrits, saisis dans ses poèmes, une scène, un événement du présent sont comme s'ils nous avaient déjà échappé; le temps les déborde de toutes parts ; leur rayonnement discret, mais unique, nous parvient à travers une glace infranchissable, et nous les voyons avec les yeux de ceux qui viendront après nous ; ce sont des pans demeurés debout d'une réalité déjà détruite. Pour Jean Follain, tout événement, toute vision appartient à un passé virtuel, comme s'il ne pouvait vivre et voir qu'à reculons. » « C'est durant la Seconde Guerre mondiale, et plus particulièrement en 1942 et 1943, que se sont révélés les trois principaux poètes de l'objet : Francis Ponge, Eugène Guillevic et Jean Follain. (…) Jean Follain – comme Guillevic – remettait en cause les rapports de l'homme avec son univers ambiant. Cette intériorisation faisait de lui un philosophe de l'imaginaire et un poète ennemi des grandes démonstrations romantiques. »
« De sa génération, Follain a été le premier à écrire en dehors du surréalisme, sinon contre lui. Peut-être parce que, comme moi, il avait vécu longtemps à la campagne. Et la campagne d'abord, c'est le silence. Le surréalisme a produit beaucoup de bruit. Le silence nous a donné une approche des mots. Pour nous, le mot se détache du silence. »
« Il est à la fois le Jean-Henri Fabre du souvenir méticuleux et le Wang Wei de l'immobilité contemplative, celui qui livre les choses sans les commenter ni les enjoliver (…) Lui, grand consignateur, n'interprète pas : il délivre. »
DécorationsNotes et références
Voir aussiBibliographie
Liens externes
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