Annie Genevard
Annie Genevard, née Tharin le à Audincourt (Doubs), est une femme politique française. Membre du RPR, de l'UMP puis de LR, elle est maire de Morteau de 2002 à 2017, députée du Doubs de 2012 à 2024 et vice-présidente de l'Assemblée nationale de 2017 à 2022 puis de juillet à . Au sein de LR, elle est secrétaire générale de 2017 à 2019, vice-présidente déléguée de 2021 à 2023 et de nouveau secrétaire générale à partir de 2023. Elle assure l'intérim à la présidence du parti pendant quelques mois en 2022. Le , elle est nommée ministre de l'Agriculture dans le gouvernement Michel Barnier. Elle est reconduite à ce poste le dans le gouvernement François Bayrou. Situation personnelleFamille et formationAnnie Marguerite Alice Tharin naît le à Audincourt, dans le département du Doubs, de Bernard Tharin, chef d'entreprise, et d'Irène Tharin née Adami, femme politique[1], députée de la quatrième circonscription du Doubs de 2002 à 2007 et maire de Seloncourt de 1993 à 2015, engagée à l'UMP. Elle est petite-fille par sa mère d'immigrés italiens, quant à eux communistes et menacés dans leur pays pour cela[2]. Le , elle épouse Dominique Genevard, pharmacien, fils de Christian Genevard, lui-même pharmacien, député de la troisième circonscription du Doubs et maire de Morteau[3]. Le couple a ensuite deux filles : Camille et Clémence[1],[4]. À l'issue d'études supérieures à l'université de Franche-Comté, à Besançon, elle obtient le CAPES de lettres classiques[1]. Carrière professionnelleAnnie Genevard enseigne les lettres classiques au lycée Edgar-Faure à Morteau[1]. Parcours politiqueDébutsElle adhère au Rassemblement pour la République (RPR) en 1996[4]. Maire de Morteau et députée du DoubsÉlue aux élections municipales de 1995 et 2001 sur la liste de Jean-Marie Binetruy à Morteau, elle est élue maire en 2002, fonction qu'elle conserve six ans plus tard quand la liste qu'elle conduit est élue avec 63 % des voix[5]. De 2001 à 2017, elle est présidente du syndicat mixte du Pays horloger ; de 2008 à 2017, membre du comité directeur de de l'Association des maires de France (AMF) ; de 2011 à 2017, vice-présidente de la Fédération nationale des collectivités territoriales pour la Culture (FNCC)[1]. À la suite du retrait du député sortant Jean-Marie Binetruy[6], Annie Genevard annonce alors sa candidature dans la cinquième circonscription du Doubs. Investie par l'UMP, elle doit néanmoins faire face à une dissidente à sa droite, Nathalie Bertin[7]. Le à l'issue du premier tour, Annie Genevard arrive en tête avec 40 % des voix, devant la socialiste Liliane Lucchesi (23 %) et la dissidente Nathalie Bertin (13 %)[8]. À l'issue du second tour, elle est élue députée avec 62,54 % des voix[9]. Annie Genevard se représente dans la cinquième circonscription du Doubs lors des élections législatives de . Au premier tour, elle arrive en tête avec 38 % des voix, devant Sylvie Le Hir de La République en marche (33 %), Jérémy Navion du Front national (10 %) et Martine Ludy de La France insoumise (8 %). Elle est réélue pour un second mandat de députée le , avec 59,78 % des voix[10]. En raison du non-cumul des mandats pour les élus parlementaires, voté avec la loi de moralisation de la vie politique, elle doit choisir entre son siège de députée et son mandat de maire de Morteau, qu'elle quitte le . Le , elle est élue vice-présidente de l'Assemblée nationale[1]. En 2022, Annie Genevard est candidate à un troisième mandat. Après être arrivée largement en tête du premier tour avec 42 % des suffrages exprimés, devant Philippe Alpy du parti présidentiel (19 %) et Martine Ludy de la NUPES (18 %), Annie Genevard est réélue avec 72 % des voix[11]. Elle est candidate aux élections législatives anticipées survenant après la dissolution de l'Assemblée nationale proclamée par Emmanuel Macron le à la suite des élections européennes[12], et remporte un quatrième mandat avec 62,69 % des voix[13]. Elle est ensuite élue sixième vice-présidente de l'Assemblée nationale[14]. Cadre de l'UMP puis des RépublicainsLe , Nicolas Sarkozy, élu président de l'UMP, la nomme secrétaire nationale de l'UMP à l'animation des fédérations[15]. Nommée porte-parole des Républicains en [16], elle prend en charge la construction du projet « Éducation », dans le cadre de l'élaboration du programme à la présidentielle 2017. Elle soutient François Fillon pour la primaire présidentielle des Républicains de 2016[17] et pour l'élection présidentielle de 2017. Le , après la victoire de François Fillon aux primaires de la droite et du centre, elle est nommée secrétaire générale adjointe des Républicains, en tandem avec Gérald Darmanin[18], puis avec Éric Ciotti, à la suite de la démission de Gérald Darmanin qui a rejoint le gouvernement Édouard Philippe comme ministre de l'Action et des Comptes publics. Après l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République, en 2017, Annie Genevard se montre défavorable au projet d'une trentaine de députés Les Républicains et UDI (Les Constructifs) de mettre en place une opposition constructive, qui aiderait la majorité présidentielle pour voter certains projets de lois et s'opposerait à d'autres en cas de désaccord : « Il faut que nous puissions faire valoir notre projet pour la France. Il n'est certainement pas celui de Macron. Un candidat que nous avons combattu pendant toute la campagne et que nous allons continuer à combattre pendant les législatives »[19]. Elle parraine Laurent Wauquiez pour le congrès des Républicains de 2017, scrutin lors duquel il est élu le président du parti[20]. Le de la même année, elle est nommée secrétaire générale des Républicains, poste dévolu à la gestion quotidienne du mouvement[21]. Elle parraine Christian Jacob pour le congrès de 2019. À la suite de ce congrès Annie Genevard est nommée présidente du conseil national du parti[22]. Début juillet 2021, elle devient vice-présidente déléguée de LR, soit la no 2 du parti, en remplacement de Guillaume Peltier[23]. Lors du Congrès des Républicains de 2021, Annie Genevard ne soutient aucun des candidats à l'investiture pour la présidentielle, étant membre de la direction du parti[24]. Elle soutient ensuite la candidate désignée Valérie Pécresse. Lors de la campagne législative de 2024, Éric Ciotti s'allie au Rassemblement national. Annie Genevard réagit aussitôt en déclarant : « Je regrette profondément cette décision prise solitairement, sans consulter personne. Je regrette cet accord qui crée de la confusion et de la division, à un moment où les Républicains doivent rassembler leurs forces pour conduire la bataille des législatives »[25]. La décision d'Éric Ciotti provoque une crise au sein du parti, l'initiative de son président étant condamnée par ses cadres. Éric Ciotti est exclu de LR (décision qu'il conteste en justice) et remplacé par un binôme formé par Annie Genevard et François-Xavier Bellamy[4]. Ce remplacement est cependant annulé par la justice en référé[26]. Ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaireAnnie Genevard est nommée ministre de l'Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt au sein du gouvernement Michel Barnier le [27]. Le , elle est reconduite dans le gouvernement François Bayrou mais perd les attributions liées à la Forêt[28]. Prises de positionGens du voyageEn , elle propose avec Yannick Moreau une loi visant à modifier les dispositions relatives à l’accueil et l’habitat des gens du voyage, afin de fournir des outils efficaces aux élus locaux « pour lutter contre les agissements délictueux commis par certains groupes de gens du voyage (occupations illicites, dégradation de biens publics, trouble à l’ordre public…) »[29]. Réforme de 2016 sur l'enseignement des languesEn , lors d'une séance de questions au gouvernement, la députée fait remarquer à la ministre Najat Vallaud-Belkacem que l'« introduction de langues communautaires » (arabe, serbe, croate, portugais…) dans la réforme de l'Enseignement Langue et Culture d'origine (ELCO) « encouragera le communautarisme qui mine la cohésion nationale »[30]. Droits LGBT et IVGElle s'oppose en 2013 à la loi ouvrant le mariage aux couples homosexuels[31],[32], qu'elle décrit comme « une atteinte irréversible à l’intégrité de l’espèce humaine »[33]. Elle déclare cependant que, si elle en avait la responsabilité, elle célébrerait de tels mariages malgré ses convictions personnelles, mais sans exclure un réexamen du texte en cas de victoire de la droite à l'élection présidentielle de 2017[34]. En , elle qualifie d'« affligeant[e] » l'adoption d'un amendement visant à remplacer les mentions père et mère sur les formulaires scolaires[35]. En , elle dépose un recours devant le Conseil constitutionnel contre la loi ouvrant la PMA à toutes les femmes[36], dont les couples de femmes et également les femmes seules. En , elle s'abstient au Congrès concernant la constitutionnalisation de la liberté de recours à l'IVG[37], après avoir expliqué son vote contre à l'Assemblée nationale au mois de janvier en affirmant comme justification que cette mesure symbolique ne changerait rien et qu'il ne pesait aucune menace sur le droit à l'avortement en France[38]. Polémique sur les drapeaux étrangers lors des mariagesEn , la députée se prononce en faveur d'un amendement interdisant les drapeaux étrangers en salle de mariage lors des mariages civils. Le ministre de la Justice assure qu'elle veut interdire les danses en évoquant « certaines familles, françaises ou non, d’origine étrangère […] [qui] brandissent des drapeaux étrangers ou manifestent par des danses, des spectacles, les traditions qui sont les leurs »[39]. Le rejet de l'amendement éteint la controverse[40]. Rapport sur l'apprentissage de la lectureEn , avec le député Fabrice Le Vigoureux (Renaissance), elle présente un rapport qui met en évidence le fait que « 45 % des élèves entrant en 6e n'atteignent pas la vitesse de lecture attendue à la fin du CM2 »[41]. Une situation qu'elle qualifie de « scandale d'État » car elle conduit inévitablement des élèves en situation d'échec scolaire[42]. Le rapport recommande notamment de recourir à la méthode syllabique, dont il a été démontré qu'elle était la plus efficace[43], y compris pour les enfants allophones dont le français n'est pas la langue maternelle. La députée préconise également de labelliser les manuels de lecture[44]. Régulation des écrans pour les jeunes enfantsEn , elle dépose avec Antoine Vermorel-Marques (autre député LR) une proposition de loi visant à réguler l'usage des écrans pour les enfants de moins de 3 ans[45]. Elle souhaite notamment interdire toute exposition aux tablettes, télévisions et téléphones pour ceux gardés par une assistante maternelle ou en crèche. Actes anti-chrétiensEn , elle se déclare inquiète des actes anti-chrétiens et de leur augmentation, et demande sur le sujet une commission d'enquête parlementaire en tant que députée du Doubs[46]. Agriculture et environnementElle est perçue comme proche de la FNSEA, le syndicat majoritaire chez les exploitants agricoles, lors de son entrée au gouvernement comme ministre de l’Agriculture en 2024. Elle s'est engagée à « redonner du bon sens à toutes les règles, alléger la paperasse, réduire les interdits », fustigé les surtranspositions de normes européennes et repris le slogan « pas d’interdiction sans solution » concernant les pesticides[47]. En 2021, elle cosigne un amendement pour décourager, via une amende de 50 000 euros, les militants filmant les élevages industriels. Elle s’est également opposée à l’expérimentation de l’option végétarienne quotidienne dans les cantines. Elle a défendu avec d'autres députés l’abaissement du statut de protection du loup. En juillet 2024, elle dénonce un rassemblement de militants écologistes opposés aux mégabassines en Charente-Maritime, affirmant que « ce sont des black blocs qui viennent pour blesser, pour tuer ». Pendant les débats sur la loi d’orientation agricole, en 2024, elle critique « ceux qui prônent une écologie punitive et décroissante [et] mettent en péril notre souveraineté agricole[47]. » Détail des mandats et fonctionsAu gouvernement
À l'Assemblée nationale
Au niveau local
Autre fonction
DécorationsLe , Annie Genevard est nommée au grade de chevalier dans l'ordre national de la Légion d'honneur au titre de « professeure de lettres classiques, conseillère régionale, maire ; 33 ans de services civils et de fonctions électives »[50]. Annie Genevard est chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres et de l'ordre des Palmes académiques[1]. Elle est également, depuis le , commandeur de l'ordre du Mérite agricole ex officio en tant que ministre de l'Agriculture dans le gouvernement Barnier[51]. Récapitulatif de ses décorations
Pour approfondirArticles connexes
Liens externes
Notes et référencesNotes
Références
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